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Maroc – Espagne: So much love

Maroc – Espagne: So much love

En fumant le calumet de la paix, les deux pays ont montré que la coopération bilatérale est trop stratégique pour souffrir de malentendus.  

De nouvelles priorités ont été arrêtées dans le cadre d’une approche transparente et concertée.

 

Par D. William

Après une période de brouille diplomatique qui a assombri les relations bilatérales, le Maroc et l’Espagne sont résolus à rattraper le temps perdu. Les deux pays multiplient les déclarations d’amour. Sans retenue. Se libérant des mailles de la pudeur afin de pouvoir approfondir et imprimer un autre élan à la coopération bilatérale multiforme.

La visite officielle effectuée dans le Royaume jeudi 7 avril par Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, sur invitation du Roi Mohammed VI, s’inscrit dans cette optique et marque l’ouverture d’une nouvelle étape du partenariat maroco-espagnol. Lequel a non seulement une dimension économique soutenue, mais également une couleur politique très prononcée. Sur le plan économique, les échanges commerciaux entre les deux pays sont sur une très bonne dynamique depuis une dizaine d’années, avec un taux de croissance annuel moyen supérieur à 10%. En 2021, ils ont atteint un record, s’établissant à 16,8 milliards d’euros, soit environ 180 milliards de DH.

Concrètement, selon les données de l’Ambassade d’Espagne à Rabat, le Maroc a exporté environ 7,3 milliards d’euros vers l’Espagne (+14,6% par rapport à 2020), tandis que les importations du Royaume en provenance de l’Espagne ont atteint 9,5 milliards d’euros (+29,2%). Ces chiffres représentent respectivement des quotes-parts de 3% et 2,1% de la part mondiale des exportations et des importations de l’Espagne. Au total, 17.000 entreprises espagnoles ont des relations commerciales avec le Maroc et 700 sont établies sur le territoire national. L’intensité des échanges bilatéraux fait de l’Espagne le premier partenaire commercial du Maroc. Pour sa part, le Royaume est le troisième partenaire économique de l’Espagne, hors Union européenne.

Cette dynamique va aller en se consolidant, si l’on se fie notamment à la déclaration conjointe adoptée au terme des discussions entre le Souverain et Pedro Sánchez, qui a dévoilé le nouveau cheminement de la coopération bilatérale. La feuille de route ambitieuse définie comprend ainsi, entre autres, la réaction de la coopération sectorielle dans les domaines économique, commercial, énergétique, industriel, culturel…, la facilitation des échanges économiques et des liaisons entre les deux pays, l’érection en priorité du domaine de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur dans cette nouvelle étape… Sur le plan politique, fini la posture ambiguë de l’Espagne à propos du Sahara marocain.

En abandonnant sa position de neutralité, l’Espagne adhère à une vérité  historique : la marocanité du Sahara. Dans la déclaration conjointe, elle «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc ainsi que les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable. A ce titre, l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend».

De même, d’autres sujets sensibles ont été évoqués, comme notamment la réaction du groupe de travail sur la délimitation des espaces maritimes dans la façade atlantique, la gestion des espaces aériens ou encore la coopération dans le domaine des migrations. Cette ambition de donner une impulsion autrement plus importante à la coopération entre les deux pays ne se résume pas en des déclarations d’intention. Bien au contraire. De part et d’autre, il y a une réelle volonté de concrétiser la feuille route.

C’est pourquoi sera désigné un comité en charge de la mise en œuvre de la présente déclaration, dans un délai de 3 mois. Mais, d’ores et déjà, les premiers actes probants ont été posés, avec le rétablissement des liaisons maritimes de passagers entre les deux pays. Le port d'Algésiras a annoncé la reprise du trafic maritime entre le Maroc et l'Espagne le mardi 12 avril pour les voyageurs à pied et à partir du 18 avril pour les véhicules

 

Le temps de la raison

Actuellement, c’est vraisemblablement le temps de la raison. Les deux pays ont su faire preuve d’intelligence collective pour surmonter leurs divergences. Ils ont pu prendre la hauteur nécessaire pour mieux apprécier tout ce qui les unit et réduire ainsi la distance économique et politique. Et il faut dire que le Souverain, de par sa sagesse et sa clairvoyance, aura été le principal artisan de ces retrouvailles.

Et Pedro Sánchez l’a bien souligné, saluant «le rôle déterminant joué par SM le Roi Mohammed VI pour mettre un terme à la crise entre les deux pays». Aujourd’hui, après le coup de froid, l’objectif est désormais d’appréhender le partenariat bilatéral avec un nouvel état d’esprit et de l’inscrire dans une nouvelle dynamique. Sous ce prisme, comme il est dit, «les sujets d’intérêt commun seront traités dans un esprit de confiance, dans la concertation, loin des actes unilatéraux ou des faits accomplis». Comme le font de vrais amis. 

 

 

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