Le soutien du Royaume-Uni au plan marocain d’autonomie, qu’il considère comme la base la plus crédible, réaliste et pragmatique pour résoudre le différend régional autour du Sahara, marque un tournant décisif dans ce dossier.
Par Mohamed Bouden – Expert en affaires internationales contemporaines
Il s’inscrit dans la continuité de prises de position exceptionnelles exprimées par de grandes puissances internationales à savoir les États-Unis en 2020, l’Espagne en 2022, puis la France en 2024, sans oublier des soutiens émanant d’acteurs régionaux issus de divers espaces géopolitiques.
Trois messages forts peuvent être tirés de ce basculement historique :
• Premièrement, cette nouvelle posture britannique hisse les relations bilatérales à un niveau d’excellence et les érige en modèle de coopération entre deux monarchies anciennes dans un cadre Nord-Sud renouvelé.
• Deuxièmement, le soutien de Londres aux intérêts supérieurs du Royaume reflète une convergence de vues et une vision commune fondée sur l’intérêt mutuel, la paix et la prospérité partagée.
• Troisièmement, il s’agit d’un signal fort et d’un indice crédible d’un règlement définitif. Si l’Algérie procédait à une évaluation objective de cette dynamique internationale favorable au plan d’autonomie, et si ses décideurs prenaient le recul nécessaire pour examiner les paramètres de cette initiative marocaine avec sérénité et rationalité, il n’est pas exclu qu’elle rejoigne, à terme, le cercle des puissances convaincues, une hypothèse qu’il serait désormais hasardeux de reléguer au rang des illusions.
Ce positionnement du Royaume-Uni, s’il se traduit par des actes aux niveaux bilatéral, régional et international, témoignerait d’un engagement solide et poserait une nouvelle pierre dans l’édifice d’une reconnaissance globale du plan d’autonomie comme socle durable de règlement, en perspective des prochaines échéances onusiennes.
Une position aux résonances géopolitiques majeures
Ce revirement diplomatique intervient dans un contexte de rapprochement croissant entre Rabat et Londres, illustré par des intérêts communs affirmés, notamment en matière d’investissement, d’énergie, d’agriculture et d’autres domaines régis par un cadre conventionnel bilatéral ambitieux.
Les faits confirment que la souveraineté marocaine sur le Sahara s’impose comme une donnée constante dans le positionnement de plusieurs États. Cela traduit aujourd’hui l’un des marqueurs majeurs de la diplomatie du Royaume. Le timing et la portée du soutien britannique permettent d’identifier quatre grandes significations :
1. Le nouveau soutien au plan d’autonomie provient d’une diplomatie britannique réputée pour son réalisme, incarné par un adage bien connu : «If you can’t beat them, join them», autrement dit : «Si vous ne pouvez pas les battre, ralliez-les», une reconnaissance implicite de la solidité de la position marocaine.
2. Cette décision est le fruit tangible de la diplomatie d’initiative impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et de la clarté du message de Rabat, qui a érigé la question du Sahara en prisme de sincérité des amitiés et d’efficacité des partenariats.
3. La portée stratégique de ce positionnement réside dans le rôle mondial de Londres, membre permanent du Conseil de sécurité (P5), acteur clé de l’OCDE, du Commonwealth (56 pays), de l’OTAN, du G7 et du G20.
4. Enfin, cette évolution intervient moins d’un an après l’arrivée au pouvoir du leader travailliste Keir Starmer, dans un contexte particulièrement symbolique : à quelques mois du 80ème anniversaire de l’ONU et dans la cinquantième année d’un différend régional devenu anachronique. Elle pourrait ainsi représenter un levier d’impulsion pour les Nations unies et les parties concernées à l’horizon d’octobre prochain.
