On l’aura compris. Les gouvernements qui se succèdent au Maroc surfent sur l’existant. Toujours en panne d’idées, ils se contentent le plus souvent… de gérer les affaires courantes. Toutes les grandes impulsions qui ont été données à l’économie marocaine ces dernières années ont, en effet, émané du Palais, en l’occurrence du Roi.
Nous en avons encore eu la preuve vendredi dernier. Dans son discours, le Souverain a décrié le modèle de développement national, qui «s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale». Et ce, tout en appelant «le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays».
Il a fallu cette déclaration du Souverain pour que les responsables gouvernementaux prennent, subitement, conscience de cette réalité. Une réalité que n’ont pourtant cessé de dénoncer, en vain, plusieurs économistes depuis des années. Lesquels estiment que le modèle de développement actuel a montré ses limites.
Aujourd’hui, tous les réfractaires au changement, qui faisaient la sourde oreille, l’admettent et souscrivent aux propos du Roi. Même le chef du gouvernement qui, mardi, a affirmé que le modèle de développement adopté par le Maroc a besoin d'être renouvelé. Rien que ça !
Pourquoi alors ne pas l’avoir reconnu bien avant le discours du Roi ? Pourquoi n’avoir pas pris les devants et initié les mesures qui s’imposent ?
Il faut néanmoins reconnaître une chose : dans tout gouvernement, il y a souvent une ou deux personnes qui sortent de leur zone de confort et qui ne sont pas dans le moule de la routine. Et n’en déplaisent à ses détracteurs, Moulay Hafid Elalamy, le ministre de l’Industrie, est de cette trempe. Oui, convenons-en, il a innové et amené un nouveau concept : les écosystèmes, à travers le plan d’accélération industrielle. Un projet ambitieux, qui a suscité beaucoup de réserves à ses débuts. Mais, au final, la mayonnaise a pris et tout le monde semble actuellement y adhérer.
C’est peut-être de cela dont l’appareil étatique a besoin dans ce Maroc d’aujourd’hui : des hommes qui ont un sens aigu des affaires, audacieux, ambitieux et qui s’affranchissent de l’arithmétique politicienne pour se mettre au service de la collectivité.■
D. W.