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Carte Blanche: la BD en ébullition

Carte Blanche: la BD en ébullition

Longtemps méprisée, la bande dessinée est désormais davantage acceptée sur les cimaises de Gallery Kent.

Carte blanche a été donnée à Aziz Oumoussa, auteur réalisateur en cinéma d’animation et bande dessinée, non seulement pour donner à voir ses récents travaux, mais également – sous son commissariat - réunir les œuvres de jeunes bédéistes.

 

Propos recueillis par R. K. Houdaïfa

 

Finances News Hebdo : «New Breath» : Quel sens donnezvous au titre que Gallery Kent a choisi pour cette expo ?

Aziz Oumoussa : Pour moi, «New Breath» peut se traduire par un nouveau souffle artistique. Mon œuvre est à l’honneur pour accompagner 7 nouveaux lauréats dans leur première exposition. Une bulle de souffle de paix dans la situation actuelle. L’occasion de souffler la deuxième bougie de l’édition génération INBA. Comme prendre un nouveau souffle pour faire vibrer un instrument de musique, pour célébrer de nouvelles créations durant cette pandémie.

 

F.N.H. : Carte blanche vous a été donnée. Dites-nous en quelque chose...

A. O. : C’est une célébration et un honneur pour ma carrière artistique dans la BD. Un immense plaisir de partager mes œuvres avec le public. L’occasion de commencer cette nouvelle année en exposant dans une galerie de prestige comme Gallery Kent, avec une grande fierté. De dévoiler l’obscurité sur le neuvième art, de montrer que la BD peut apparaître sur d’autres supports que du papier. De faire participer le public dans mon monde graphique, partager des souvenirs tirés de mes carnets de voyages que j’ai dessinés en faisant le tour du Maroc… La «carte blanche» m’a donné l’opportunité de présenter au public une identité graphique personnelle et originale. Et bien sûr, d’encourager et d’accompagner de jeunes artistes lauréats de INBA, dans le but de leur donner de l’espoir, d’aller vers un avenir plus positif.

 

F.N.H. : Quel a été votre premier contact avec la BD ? Un dessinateur vous a-t-il donné envie de l’imiter ?

A. O. : Quand j’étais étudiant, j’ai imité différents styles graphiques, dans le but d’apprendre la technique et de trouver l’inspiration. A titre d’exemple, Hugo Pratt, avec son personnage fameux Corto Maltese, ou encore Will Eisner, figure majeure de la bande dessinée du 20ème siècle.

 

F.N.H. : Comment écrivez-vous le scénario d’une histoire ? Partezvous de quelque chose que vous avez vu ?

A. O. : Concernant l’écriture de mes scenarios, j’ai la chance d’avoir toujours de nouvelles occasions pour me lancer dans différents nouveaux projets et défis, à travers de nouvelles rencontres, des voyages ou des faits divers… Un angle d’attaque est toujours important, mais on doit le développer pour une écriture cinématographique, de l’idée au découpage final, en passant par l’histoire, le synopsis, les séquences… jusqu’à la réalisation finale des planches de BD.

 

F.N.H. : Le plaisir de dessiner tient-il, également, à une forme de transe ?

A. O. : Bien sûr, quand je dessine, c’est une forme de transe. Me mettre face à un support blanc me permet de me détacher et de me déconnecter de la réalité, de rentrer dans un monde plein de couleurs, de formes, d’histoires…Pour moi, c’est ça entrer en «transe».

 

F.N.H. : Parlez-nous un peu de l’album de bande dessinée «L’lle des songes enchantés», paru en 2017...

A. O. : L’album «L’Ile des songes enchantés» était à la base un projet de long métrage d’animation à la suite de trois courts métrages que j’avais réalisés. Suite à des séances de pitching dans des festivals nationaux et internationaux, j’ai décidé de les transformer en album de BD, dans l’espoir qu’un producteur me fasse confiance et adhère à ce projet. C’est une histoire fantastique qui raconte la chronique de AZ ’AZ, un jeune garçon d’Essaouira que son destin amènera dans un monde fantastique.

 

F.N.H. : Comment décririez -vous «Royaume des reptiles» ?

A. O. : Le «Royaume des reptiles» est un livre illustré, ciblé pour les enfants d’une région au nord du Royaume, pour les sensibiliser à la protection d’un genre de reptile qui n’existe qu’au Maroc. Ceci, en collaboration avec la Faculté des sciences de Tétouan et une Faculté italienne.

 

F.N.H. : «Les yeux de l’avenir», vous le regardez comment, quatorze ans plus tard ?

A. O. : C’est un livre d’illustration pour les enfants. Je le vois comme une version simplifiée des 30 articles des droits de l’homme.

 

F.N.H. : Comment voyez-vous l’avenir de la BD au Maroc ?

A. O. : L’avenir de la BD au Maroc est encore vague, car il y a peu de consommateurs de BD. Mais grâce à des évènements internationaux, des forums de la BD à Tétouan, FICAM, de prestigieuses galeries comme Gallery Kent, nous devons croire et espérer un avenir plus riche plein de grandes aventures. 

 

Génération de bédéistes

Les détracteurs de la bande dessinée qui continuent de voir en elle une discipline artistique mineure et infantilisante vont devoir s’y faire : elle a investi les cimaises de Gallery Kent. Rarement - vraiment rarement - on aura vu une exposition consacrée au 9ème art. Et donc, pour les retraités, pour les jeunes, pour les audacieux, pour les…autres. Des bandes dessinées, il y en a pour tout le monde. Aziz Oumoussa bénéficie au cours de «New Breath» d’une carte blanche, qui lui permet de dévoiler ses œuvres les plus récentes - des toiles créées à partir de carnets de voyage -, et de présenter les planches de bandes dessinées de trois de ses élèves diplômés, distingués par leur virtuosité. Ahmed Khiri, qui met en récit différents sujets tels que l'histoire, celle sociale et contes folkloriques entre autres. Anass Elkho, qui offre à voir le côté historique des sociétés humaines dans ses œuvres et essaie de transformer les anciennes légendes à la BD afin de les protéger de la disparition. Kamal Afassi qui, imprégné par son environnement du Rif - particulièrement son côté historique et actuel -, lance son premier album de BD sobrement intitulé «Descendants du Rif».

 

 

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