Par Abdelhak Najib
Écrivain-Journaliste
Ce qui aurait pu donner corps à une bonne nouvelle, ce week-end, faisant état d’une décision du ministère de la Santé marocain d’hospitaliser les enfants de moins de 15 ans atteints de la Covid-19, a heureusement ou (malheureusement) permis de lancer le débat sur la prise en charge des enfants contaminés.
Les enfants atteints de la covid-19, selon les quelques chiffres dont nous disposons, donnent froid au dos. Car cet ennemi commun risque de provoquer un glissement de terrain et emporter adultes et enfants sans aucun état d’âme.
Intéressons-nous aux enfants. La réaction du ministre de la Santé a le mérite de nous pousser à poser la question qui taraude certaines familles marocaines pour ce qu’est la contamination des moins de 15 ans. A savoir : comment les autorités sanitaires comptent-elles s’y prendre en cas de décision d’hospitalisation des enfants de moins de 15 ans ? Si les choses demeurent en l’état, avec la recrudescence des cas et la multiplication des variants, il est fort à parier que l’épineuse question de l’admission systématique ou non, des enfants, âgés de 1 mois à 15 ans, doit être réglée en amont, avec une véritable approche médicale adaptée.
Car si pour les adultes, il suffisait de les accueillir dans les hôpitaux et les unités de soins dédiées, à même de recevoir un grand nombre dans un même endroit pour optimiser le nombre de lits et les places; pour les enfants, c’est une autre paire de manches. En cas d’hospitalisation des enfants, il faut les isoler les uns des autres parce qu’il s’agit là d’une catégorie très vulnérable et très fragile. Il faut leur assurer la présence d’un parent ou d’un proche. D’où le risque d’autres contaminations.
Ce qui justifie qu’à problèmes exceptionnels, il faut trouver des mesures exceptionnelles. Ce qui divise aujourd’hui de nombreux parents qui balancent entre deux décisions, toutes deux non sans conséquences. Il y a ceux qui refusent catégoriquement de faire hospitaliser leurs enfants qu’ils aient 15 ans ou 6 ans. Doutes, scepticisme, peur et angoisse à l’idée de laisser leur progéniture seule dans une unité de soins. Ce qui se comprend largement.
De l’autre côté, il y a ceux ouverts à l’idée de faire hospitaliser leurs enfants, mais sous conditions : ils exigent de la visibilité sur la manière dont cette hospitalisation prendra forme. Seraient-ils -seuls ? Seraient-ils complètement isolés des autres malades ? Seraient-ils à plusieurs dans la même chambre ?
Ce qu’il faut souligner ici, c’est que dans les précédentes phases de l’évolution du coronavirus, il n’y avait pas forcément de protocole spécifique pour les enfants parce que les cas étaient rares et les symptômes étaient légers. Mais avec le variant Delta, les choses ont complètement changé. Les enfants sont aujourd’hui plus touchés et développent plus de symptômes sévères. C’est dans ce sens que les parents doivent augmenter leur vigilance car leurs progénitures ne peuvent pas comprendre, puisqu’on parle d’enfants de 1 mois à 15 ans. Reste également que d’autres pays ont développé des expériences en termes de soins adaptés aux enfants. Le Maroc ne serait donc pas le premier pays à avoir un protocole adapté. Il suffit de voir quelles sont les méthodes de soins qui ont donné les meilleurs résultats et de s’y aligner pour une approche médicale efficace et efficiente. C’est aussi dans ce sens qu'il faut accélérer la vaccination des enfants avant la rentrée scolaire prévue dans les quelques jours à venir. Si les cas chez les enfants augmentent de manière significative, il faut faire l’impasse sur la rentrée le 3 septembre en attendant d’y voir plus clair pour ne prendre aucun risque. D’autant plus que nous sommes là face à une catégorie très vulnérable et dont les réactions physiques sont encore imprévisibles.
Une autre question qui demeure posée en attendant, est la suivante: le Maroc a-t-il les ressources humaines et matérielles suffisantes pour gérer une hospitalisation systématique des enfants sachant que près de 60% des lits dédiés à la Covid-19 sont déjà pleins ?
Quoi qu’il en soit, si désormais, les enfants âgés entre 1 mois et 15 ans devraient bénéficier des soins appropriés dans les hôpitaux, il faut suivre les directives recommandées par les médecins traitants et prêter attention aux signes suspects chez l’enfant.
