Au-delà d’être primordial pour la nutrition et le bien-être de l’enfant, l’allaitement maternel participe prodigieusement à l’établissement de liens affectifs et fusionnels entre la mère et son bébé.
Toutefois, le marketing agressif appliqué aux substituts du lait maternel veut pousser les femmes à se détourner de cette pratique ancestrale, faisant fi de tous les dangers que cela peut avoir sur leur santé et celle de leur nourrisson.
Dans un récent rapport, l’ONU a dénoncé les pratiques abusives de marketing entreprises par l’industrie des préparations pour nourrissons, qui pèse 55 milliards de dollars, au préjudice de la nutrition chez les enfants.
Intitulé «Comment la commercialisation des substituts du lait maternel influence nos décisions en matière d’alimentation des nourrissons », le rapport mené conjointement par l’OMS et l’UNICEF repose sur des entretiens menés avec des parents, des femmes enceintes et des agents de santé dans huit pays. Il en ressort que plus de 51% des personnes interrogées «déclarent avoir été la cible du marketing des fabricants de substituts du lait maternel, qui enfreint très souvent les normes internationales en matière d’alimentation des nourrissons».
«Les messages faux et trompeurs sur les substituts du lait maternel constituent un obstacle important à l’allaitement maternel qui, comme on le sait, est le meilleur choix pour les bébés et leurs mères», a déclaré, pour sa part, Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.
Construire un capital santé dès l’enfance
Pour Hassan Afilal, pédiatre-réanimateur et président de la société marocaine de pédiatrie, « quel que soit le substitut, il ne peut pas remplacer le lait maternel à 100%. Il s’agit de la substance qui permet à l’enfant d’avoir la meilleure nutrition, la meilleure croissance, ainsi que la meilleure défense immunitaire. L’allaitement va amener tous les nutriments qu’il faut et dont le bébé a besoin. Nous avons également remarqué qu’il y avait moins d’états pathologiques si la maman allaite» explique-t-il.
Les pédiatres recommandent l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois en vue de faire jouir le nourrisson du meilleur état de santé possible. «Il est hautement souhaitable que la maman continue d’allaiter le plus longtemps possible, même après diversification, c’est-à-dire après introduction des autres aliments», renchérit le spécialiste.
Outre ses bienfaits nutritionnels, l’allaitement apporte un bien-être psychologique au nourrisson, « le fait que le bébé soit contre la maman au moment de l’allaitement et qu’il soit au sein, participe à son épanouissement notamment grâce à des hormones de l’attachement que le corps de la maman sécrète et qui sont ressenties par l’enfant» souligne Hassan Afilal.
Mieux vaut prévenir que guérir
Par ailleurs, le lait maternel permet la prévention contre plusieurs maladies. «Le risque de surpoids et d’obésité est moindre chez les enfants allaités au sein qui sont également moins exposés au risque de diabète au cours de leur vie. Il y a beaucoup d’études qui montrent que les bébés allaités ont moins de risques de faire des diarrhées aiguës, des infections O.R.L et d’être hospitalisés pour des infections respiratoires» soutient Laïla Tami, pédiatre.
Et de poursuivre : «Pour la maman, le lait maternel permet une réduction du risque d’hémorragie après l’accouchement et permet une protection contre les risques de cancer du sein et de l’ovaire».
D’un point de vue économique, «l’allaitement artificiel coûte cher et nécessite de l’eau potable et suppose que la mère ou la personne qui s’occupe de l’enfant soit en mesure de lire pour pouvoir suivre les instructions de préparation et appliquer les règles d’hygiène nécessaires» conclut-elle.
Selon les estimations de l’OMS concernant ces quatre dernières décennies, l’allaitement au sein exclusif a augmenté de 50% et 900 millions de nourrissons du monde entier ont ainsi pu bénéficier de ses avantages.
Par Malak Boukhari
