Sous le thème «Progrès social, nouveaux modes d’engagement», la Fondation Abdelkader Bensalah (FABS) a organisé jeudi 23 juin 2022 à Casablanca la première édition du forum annuel «WeXchange», avec pour objectif d’avancer le débat autour du renforcement du progrès social notamment par l'intégration des innovations sociales.
Cet évènement d’envergure nationale a réuni différents acteurs de la société civile, de l’économie sociale et solidaire, des entreprises, du monde académique et des institutions publiques.
Dans son mot d’ouverture, Tarik Maâroufi, Directeur général de la FABS, a rappelé la genèse de ce forum. «Il y a 5 ans, la fondation avait décidé de revoir son engagement social et de transformer son action d’une action de philanthropie basée sur le mécénat et la charité à une action qui va chercher l’impact social. Pour cela, nous avons mené plusieurs actions avec un certain nombre de partenaires partout au Maroc pour tester des façons de faire. Nous avons par la suite conclu à la nécessité de mettre en place des espaces qui vont permettre à ces acteurs de changement de répondre de façons différentes aux problématiques sociales», a-t-il expliqué.
En effet, cette première édition du WeXchange s’est scindée en trois temps d’échange et de réflexion autour de trois panels liés à la thématique générale du forum.
Lors du premier panel portant sur la construction des communautés à impact, Yasmina Laasri, directrice exécutive d’Injaz Al Maghrib, s’est exprimée sur la manière dont la puissance du collectif peut servir le bien commun.
«A Injaz Al Maghrib, nous intervenons dans les établissements scolaires et universitaires à travers une convention signée avec les ministères de l'Education nationale et celui de l'Enseignement supérieur. Injaz Al Maghrib vient donc compléter ce qui est déjà dispensé par ces établissements en apportant des exercices ludiques, basés sur la méthode «Learning by doing» où la pratique est mise en avant.
Pour ce qui est des acteurs du secteur privé, Injaz Al Maghrib leur permet de mettre en œuvre leur stratégie RSE, notamment dans les domaines de l'éducation et de l'entrepreneuriat. Nous accompagnons également les coopératives en les aidant à mettre en valeur le patrimoine marocain tout en leur permettant de continuer à fonctionner, de s’élargir, d’avoir accès à des marchés locaux, nationaux et bientôt internationaux grâce à l' e-commerce».
Intervenant lors du deuxième panel dont le thème était «L’économie sociale au service du développement des territoires», Youssef Hosni, directeur de l’Office du développement de la coopération, a mis l’accent sur les dysfonctionnements du secteur coopératif marocain. «Le secteur coopératif contribue à hauteur de 2% du PIB national alors que dans des pays européens tels que l’Espagne ou la France, ce taux avoisine les 10%. Le nouveau modèle de développement économique ambitionne de porter ce pourcentage à 8% à l’horizon 2035 mais pour atteindre cet objectif, il faut fournir beaucoup d'efforts».
Et de poursuivre : «Au Maroc, le secteur coopératif est un secteur éparpillé, on note une certaine sorte d'émiettement des structures coopératives. Auparavant, la moyenne d'adhérents par coopérative était de 60 personnes alors qu’aujourd’hui, on tourne autour de 6 ou 7 personnes. Cela veut dire que l’esprit de solidarité diminue de plus en plus au Maroc et ce phénomène est mondial. Ce secteur a besoin d'être beaucoup plus structuré et regroupé dans le cadre de groupements d'intérêt économique ou d'unions coopératives pour qu’il ait la force et pour qu'il soit beaucoup plus effectif et contribuant à l'économie nationale».
Le troisième panel s’est, quant à lui, penché sur les modèles de solidarité innovante. «Quand on parle de solidarité et de lien social, l’enjeu c’est de vivre ensemble mais comment peut-on y parvenir malgré les divergences et les contradictions d’intérêt et quelle est la qualité du lien social aujourd’hui ? Pour pérenniser ce sentiment du vivre-ensemble, un individu a besoin de trois éléments.
Il s’agit premièrement de la protection et de l’aspect matériel de son existence à savoir le travail, l’emploi, la santé, l’éducation, etc. Deuxièmement, cet individu a besoin de reconnaissance. Et enfin, le troisième élément c’est la confiance», a souligné Aziz Mechouat, président du Centre Menassat.
Cette première édition du WeXchange a également été marquée par l’annonce de la création du «Baromètre de l’innovation sociale» qui sera conçu par la FABS en partenariat avec Economia-HEM.
«Une fois par an, nous allons mener une enquête auprès des grands acteurs actifs au niveau national et régional pour justement partir d'un certain nombre d’indicateurs que nous allons mettre en place avec Economia-HEM. Cette enquête va répondre aux cinq leviers principaux révélés par notre rapport «Innovation sociale au Maroc : Les leviers pour accélérer le mouvement», à savoir les politiques publiques et territoriales, l’accompagnement transverse, le financement, la culture et l’adoption par la société et l’observation», a précisé Tarik Maâroufi.
Et d’indiquer que ce baromètre va mettre à la disposition des acteurs des informations concises et précises à partir desquelles ils peuvent générer de l’action et prendre des initiatives.
M. A. O.