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Omicron: Ce nouveau variant qui met la planète en état d’alerte !

Omicron: Ce nouveau variant qui met la planète en état d’alerte !

Détecté initialement en Afrique du Sud et repéré dans plusieurs pays ensuite, le variant Omicron inquiète.

La communauté scientifique, elle, bien que préoccupée, reste stoïque et attend les premiers résultats des études.

Entretien avec le docteur Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé, président du Syndicat national de médecine générale et vice-président de la Fédération nationale de la santé.

 

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Le nouveau variant préoccupe la communauté scientifique, notamment l’OMS. Que sait-on d’Omicron, ses symptômes et son degré de contagiosité ?

Dr Tayeb Hamdi : Ce nouveau variant, baptisé Omicron, préoccupe grandement les scientifiques et cette inquiétude se transmet à tout le monde, avec parfois un vent de panique qui touche toute la planète. La mutation des variants est une évolution très naturelle dans le processus de vie des virus. Sauf que devant ce nouveau venu, nous sommes confrontés à un véritable inconnu. Certes, le potentiel présumé de propagation rapide d’Omicron dans le monde inquiète, mais pour l’instant nous disposons de peu d’éléments sur la virulence de cette mutation. En effet, l’OMS a classé Omicron comme inquiétant (Variant of Concern), qui est de grade 3 sur une échelle de 4 (variant à suivre, variant d’intérêt, variant inquiétant et variant avec hautes conséquences). Omicron associe plusieurs mutations, beaucoup plus que tous les autres variants précédents, sur des parties sensibles du virus, dont la protéine Spike. A ce qu’il paraît, et je le mettrais au conditionnel, le variant «B.1.1.529» ne provoque pour l'heure que des symptômes légers de la Covid-19, avec une fatigue un peu plus poussée.

Ainsi, l’individu atteint pourrait ne pas perdre ni l’odorat ni le goût, et il s’avère que certaines personnes infectées restent asymptomatiques, comme ce que l’on observe avec d’autres variants. A ce jour, nous ne disposons pas d’informations qui démontrent qu’Omicron donne une maladie de la Covid-19 plus sévère que celle observée avec le variant Delta, mais il faudrait patienter pour juger. Le fait que ce variant soit transmissible même sans être plus virulent risque de menacer les systèmes de santé. Plus on a de nouveaux cas, et donc de nouvelles infections, plus on aura de cas graves et de décès. Cependant, les experts relèvent quelques indicateurs qui restent tout de même inquiétants. Ce variant Omicron associe 30 mutations, alors que le Delta n’en comportait que deux. 10 d'entre elles concernent une partie du virus associée à la transmissibilité et à la protection immunitaire. La détection de ce variant en Afrique du Sud a coïncidé avec une forte augmentation des cas dans le pays, et sa prévalence augmente au fur et à mesure dans presque toutes les provinces de l’Afrique du sud.

Le temps de dédoublement des cas est très rapide. On rappelle que ce pays connait actuellement sa quatrième vague. Ce sont là des indicateurs et non pas des preuves formelles. Il va falloir attendre plusieurs semaines pour juger si cet accroissement des cas est causé par la nature génétique propre au variant et ses mutations ou si d’autres facteurs sont aussi impliqués dans cette propagation. Pour le diagnostic de la maladie, la PCR reste toujours efficace, cela a été confirmé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Voilà qui nous amène à parler des vaccins et à se demander s’ils seront moins efficaces contre ce nouveau variant. C’est une question fondamentale et cruciale, mais malheureusement aucune réponse définitive ne peut être apportée à l’heure actuelle. Des indices montrent qu’Omicron pourrait déjouer ou affaiblir l’efficacité des vaccins, et qu’il pourrait y avoir un risque plus élevé de réinfection chez les personnes déjà guéries de la Covid-19. Une étude publiée jeudi 2 novembre a révélé que le risque de réinfection par Omicron est trois fois plus élevé par rapport aux autres variants, y compris Delta. Certaines mutations dans ce variant sont déjà connues pour leur capacité à aider le virus à échapper au système immunitaire et à résister aux anticorps. Dans ce sens, des chercheurs, à l’aide de la modélisation informatique, craignent effectivement que ce variant n’échappe à l’immunité.

Des prélèvements ont été effectués sur le sang de personnes qui ont été vaccinées, ou qui ont guéri du Sars-Cov-2 pour confronter leurs anticorps au nouveau variant dans les laboratoires. Les premières réponses seront disponibles dans deux semaines. Il est vrai qu’un suivi de la situation en Afrique du Sud dans les conditions réelles de l’épidémie, donnerait des réponses plus claire et bien précises, mais il va falloir être patient et attendre les prochaines données. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Maroc a fermé ses frontières, pour avoir justement le recul nécessaire et les données véridiques pour bien préparer la riposte. Une chose est sûre, Omicron commence à se propager localement dans plusieurs pays et des personnes sont touchées sans avoir voyagé. Depuis son apparition à Wuhan, en Chine à la fin de l’année 2019, la pandémie a fait depuis plus de 5,2 millions de morts dans le monde.

 

F.N.H. :Actuellement, cette nouvelle souche du virus est hautement surveillée. Le Maroc a dès le départ pris des mesures draconiennes en fermant ses frontières. Cette fermeture estelle une stratégie efficace pour contrer cet imminent danger ? Et faut-il vraiment s’inquiéter ?

Dr T. H. : Fermer complètement ou serrer la vis au niveau des frontières n’empêchera jamais un virus ou un variant plus transmissible de faire son entrée dans un pays. Toutes les nations du monde sont accessibles, et donc peuvent être touchées par un mutant qui est plus transmissible que les précédents. Ce dernier va se propager sur toute la planète si sa super transmissibilité par rapport à Delta est confirmée. Les virus n’ont pas de passeport, c’est une entrée libre. Si l’on pouvait arrêter la traversée des mutants, on aurait pu alors le faire avec la souche classique. Plus le variant est transmissible, plus il écarte et détrône tous les autres mutants concurrents. Du coup, le variant le plus transmissible va se propager plus rapidement, surtout avec la mobilité qui existe dans le monde. Il faut savoir que 4 milliards de passagers par an voyagent par avion. Chaque seconde, il y a 1,16 vol sur la planète et pratiquement à chaque seconde, 130 personnes prennent l'avion.

C’est énorme. Par conséquent, il est impossible d'arrêter la transmission des virus. Il faut retenir que cette fermeture des frontières a pour but de retarder l’apparition du nouveau variant afin d’avoir suffisamment d’informations pour prendre les dispositions nécessaires au niveau national et adapter notre stratégie aux nouvelles données scientifiques. Je ne le répéterai jamais assez  : maintenir les mesures barrières, éviter les déplacements inutiles, respecter la distanciation, aérer les espaces clos, et bien évidemment accélérer le processus de vaccination restent nos meilleurs alliés pour contrer la pandémie et ses mutants. Les citoyens ont leurs propres responsabilités; il faut qu’ils adhèrent rapidement et massivement à la vaccination, car c’est un devoir envers la nation et envers autrui.

 

F.N.H. : Qu’en est-il de la situation actuelle dans le Royaume ? Et quel impact pour le Maroc si jamais Omicron s’invite chez nous ?

Dr T. H. : Il y a effectivement des cas qui ont été décelés un peu partout dans le monde. Jusqu'à présent, le ministère de la Santé a confirmé qu’aucun cas n’a été détecté au Maroc. Mais on ne le répétera jamais assez, le fait de ne pas trouver un variant ne signifie pas qu'il n'existe pas. Certes, pour l’heure, il n’y a pas de cas signalé dans le Royaume, mais combien de temps serons-nous serons épargnés ? Personne ne le sait, mais à un moment donné, nous aurons nos propres cas du nouveau variant. Si Omicron est plus transmissible que le Delta, il va certainement atterrir chez nous. C’est pour cette raison qu’il va falloir prendre toutes les mesures nécessaires pour que ce variant entre le plus tardivement possible au Maroc, le temps d’avoir une vision plus claire afin de préparer la population et la protéger avec des vaccins, c’est extrêmement important. Il faut accélérer la vaccination  : 1ère, 2ème et troisième dose, et cette dernière a son importance.

 

F.N.H. : Aujourd’hui, seule la vaccination est capable de protéger. Qu’en est-il justement de la 3ème dose ?

Dr T. H. : Effectivement, la vaccination est l’arme la plus redoutable et efficace contre le virus, à côté bien évidemment du respect des mesures barrières, en attendant d'avoir sur le marché des médicaments qui sont actuellement en cours de validation. Ces nouveaux traitements viendront dans les mois à venir renforcer notre combat. Notre riposte contre cette épidémie, c’est de rester vigilant. Il est clair que les personnes qui sont complètement vaccinées sont mieux protégées contre le coronavirus en général et le variant Delta en particulier. Complètement vacciné signifie aujourd’hui une vaccination à trois doses. Il faut savoir que, désormais, le schéma vaccinal contre la Covid-19, c’est 3 injections au lieu de deux pour les adultes. Cela se généralise et s’harmonise à l’échelle planétaire.

Une 3ème dose permettra de gagner la bataille contre la pandémie et on peut même la vaincre. A mon avis, on aura de bonnes nouvelles pour les personnes qui se feront vacciner par une 3ème dose. Elles seront beaucoup plus protégées par rapport aux non vaccinées, c’est ma conviction profonde. Pour preuve, les études au niveau des laboratoires ont démontré qu’après la 3ème dose, le taux des anticorps augmente 30 à 40 fois plus en l’espace de 48 heures. La troisième dose consolide et booste considérablement l'immunité. Certainement, cette 3ème injection sera protectrice pendant longtemps. A mon sens, les personnes qui ont reçu les trois doses seront bien protégées contre la forme standard du coronavirus, le Delta et même Omicron. Ce dernier, même s’il risque d’affaiblir l’immunité, avec cette troisième injection qui est aujourd’hui primordiale, la population va être protégée. Les personnes âgées ou souffrantes de maladies chroniques et les professionnels des premières lignes sont donc prioritaires. Par la suite, la 3ème dose concernera les adultes de 18 ans est plus. 

 

 

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