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Réforme du Code de la famille : Un pont entre principes islamiques et modernité

Réforme du Code de la famille : Un pont entre principes islamiques et modernité

Le Roi a donné des directives au CSO pour examiner certaines questions contenues dans les propositions de l'Instance chargée de la révision du Code de la famille. Ce nouveau pas franchi illustre l’engagement du Royaume à moderniser ses structures juridiques et sociales, tout en respectant les fondements de la religion islamique et les aspirations sociétales actuelles.

 

Par D. William

Le Maroc, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, se prépare à franchir une nouvelle étape importante dans la modernisation de son cadre juridique familial, avec la réforme du Code de la famille. Dans cette optique, la démarche adoptée est tout à fait remarquable par son ampleur et son approche inclusive, associant des instances telles que le Conseil supérieur des Oulémas (CSO), le Conseil national des droits de l'Homme et divers acteurs de la société civile, dans le but de répondre de manière équilibrée et juste aux divers besoins de la société marocaine.

L'impulsion royale pour cette réforme, soulignée par la saisine, vendredi 28 juin dernier, du CSO, marque un moment décisif pour l'évolution des droits familiaux, dans le contexte d'une société marocaine en pleine mutation. En effet, le Souverain a donné ses directives au Conseil pour examiner certaines questions contenues dans les propositions de l'Instance chargée de la révision du Code de la famille, en se référant aux principes et préceptes de la sainte religion de l’Islam et ses desseins tolérants, et pour soumettre une Fatwa à leur sujet à son appréciation.

Le Roi a, dans ce cadre, invité le CSO à tenir compte, dans l’élaboration de sa Fatwa, du contenu de la lettre royale adressée au chef du gouvernement, qui appelle à «l’adoption des vertus de la modération et de l’Ijtihad ouvert et constructif, tout en prenant en considération la norme maintes fois prônée par le Roi, selon laquelle on ne peut autoriser ce qui est prohibé, ni interdire ce qui est autorisé».

La nature de cet appel suggère une volonté royale de trouver un équilibre entre les préceptes traditionnels et les exigences d'une société moderne, histoire de s’assurer que les modifications proposées ne débouchent sur des conflits potentiels en étant perçues comme imposées ou en désaccord avec les valeurs religieuses du pays. Cette démarche montre l'importance de concilier les prescriptions de l’Islam avec les dynamiques sociales actuelles, pour garantir une acceptation des changements proposés par toutes les couches de la société marocaine.

Des attentes sociétales en pleine évolution

La réforme du Code de la famille répond à des attentes sociétales profondes et diversifiées. La famille marocaine d'aujourd'hui est traversée par des dynamiques de changement où les questions de l'égalité de genre, de la protection des droits des enfants, de la dignité des femmes… sont de plus en plus prégnantes. C’est pourquoi le Roi souligne la nécessité d'une législation qui reflète les réalités contemporaines, tout en préservant la cohésion et la stabilité familiales. En cela, l'invitation à une Fatwa du CSO sur des questions spécifiques témoigne de la prudence avec laquelle cette réforme est abordée. Il s'agit d'éviter les interprétations hâtives ou extrêmes qui pourraient polariser la société. La modération et l'ouverture seront des vertus essentielles pour guider le processus de révision de la Moudawana, en mettant un point d'honneur sur la réflexion collective et le respect des diversités. La saisine du CSO illustre également l'engagement du Maroc à rester fidèle à ses valeurs spirituelles, tout en étant ouvert aux adaptations nécessaires face aux évolutions sociétales.

C'est une démarche qui reconnaît le rôle central de la religion dans la gouvernance, tout en affirmant la nécessité d'un examen approfondi et éclairé des textes religieux à la lumière des réalités actuelles. Cela pour dire que cette initiative royale n'est pas seulement une réforme législative : elle est une affirmation de la volonté de progresser tout en préservant les fondations religieuses, spirituelles et culturelles du Royaume.

Car la Moudawana, depuis sa première grande réforme en 2004, a toujours été au cœur des débats sur les droits des femmes et la structure de la famille au Maroc. La réforme actuelle vise donc à pousser plus loin ces avancées, en abordant des points jusqu'alors tabous ou peu explorés, tels que l'égalité des sexes en matière d'héritage et les droits parentaux, des sujets qui touchent à la fois aux textes religieux et aux pratiques sociétales. Son esprit est en parfaite adéquation avec l’accès, en 2018, de la profession d’adoul aux femmes; une avancée notable qui montre l'ouverture du Royaume aux contributions féminines dans des rôles traditionnellement réservés aux hommes.

La réforme du Code de la famille pourrait donc être vue comme une continuation de cette politique d'ouverture et de modernisation, cherchant à harmoniser les lois du pays avec les standards internationaux des droits humains, tout en s'ancrant fermement dans les valeurs religieuses et culturelles marocaines.

Mais le principal défi de cette réforme résidera dans sa capacité à équilibrer les principes de l’Islam avec les nécessités d'une société qui évolue rapidement. Sachant que les questions d'égalité de genre, de protection de l'enfance et de droits successoraux sont complexes et requièrent un examen minutieux pour s'assurer que les nouvelles dispositions légales renforcent la cohésion sociale plutôt que de la menacer.

En tout cas, les attentes sont importantes. Car le Maroc a l’opportunité historique d’évoluer vers une société plus juste et équilibrée, où les droits de tous les membres de la famille sont respectés et où la loi est en harmonie avec les aspirations sociales et les exigences du temps. Une société où le respect des traditions se marie aisément avec l'adoption de réformes progressistes, assurant ainsi le bienêtre et la dignité de tous les citoyens, indépendamment de leur genre. Une société ancrée dans ses racines, mais qui se réinvente en s'engageant résolument vers l'avenir. 

 

 

 

 

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