A peine installé à Matignon, Sébastien Lecornu revient sur la mesure phare de son prédécesseur et tend la main à la gauche républicaine pour sortir de l'impasse budgétaire.
Tout juste nommé à Matignon, Sébastien Lecornu imprime déjà sa marque. Dans un entretien publié samedi par la presse quotidienne régionale, le nouveau Premier ministre a annoncé revenir sur la mesure controversée de son prédécesseur François Bayrou visant à supprimer deux jours fériés pour réduire le déficit public.
«J’ai décidé de retirer la suppression de deux jours fériés», a-t-il déclaré, tout optant pour une autre voie de financement qu’un nouveau conclave sur les retraites, à travers «le dialogue avec les partenaires sociaux».
Englué dans une équation budgétaire délicate, sans majorité parlementaire et après la dégradation de la note française par l’agence Fitch, Lecornu joue la carte de l’ouverture.
Il tend la main à la gauche républicaine (PS, écologistes et PCF) qu’il appelle à «s’émanciper de La France insoumise, qui s’exclut elle-même de la discussion et préfère le désordre». Un appel à une «discussion parlementaire moderne et franche » pour éviter l'arme du 49.3, qu’il espère ne pas avoir à dégainer pour faire adopter le budget 2026.
Sur le terrain, son premier déplacement officiel l’a conduit à Mâcon, où il a promis la création d’ici 2027 de 5.000 maisons «France Santé», inspirées du modèle des maisons France Services.
Objectif : garantir à chaque Français un accès aux soins à moins de 30 minutes de chez lui. Une annonce forte, symbolique, qui place la santé au cœur des priorités gouvernementales.
Lecornu se veut aussi pragmatique sur la justice fiscale. S’il se montre ouvert à la discussion sur la taxe Zucman sur les très hauts patrimoines, il appelle à la prudence pour ne pas pénaliser «le patrimoine professionnel (…), qui permet de créer des emplois et de la croissance».
Il veut gouverner autrement, en consultant partis politiques, syndicats et patrons. Après la CFDT et le Medef vendredi, la CGT est attendue lundi.
Quant au Rassemblement national, le chef du gouvernement exclut tout accord politique, mais refuse d’ignorer «des députés élus par un tiers des Français».
En parallèle, Lecornu annonce l’ouverture imminente de consultations pour un «grand acte de décentralisation», visant à redéfinir les missions de l’Etat et envisager la fusion ou la suppression d’agences publiques.
Sébastien Lecornu tente ainsi de conjuguer fermeté, dialogue et méthode pour sortir par le haut d’une impasse politique et budgétaire inédite.