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Gaza : Chronique d’une extermination méthodique

Gaza : Chronique d’une extermination méthodique

Ph. Reuters

Actuellement, l’attention médiatique s’est déplacée ailleurs : vers l’Ukraine et les gesticulations de Trump. Pendant ce temps, Gaza est broyé, ses habitants piégés entre les ruines, la faim et l’indifférence, avec l’assentiment passif d’un monde qui a appris à détourner les yeux.

L’actualité, saturée par les soubresauts de la guerre en Ukraine et les surenchères protectionnistes du président américain Donald Trump, relègue au second plan la tragédie de Gaza.

En effet, face à l’indifférence devenue un mode de gouvernance internationale, un peuple entier est méthodiquement rayé de la carte.

A Gaza, il ne reste plus grand-chose. Ni infrastructures, ni hôpitaux, ni écoles, ni dignité humaine. Les bombes tombent avec la régularité d’un métronome. 

Et pendant que l’armée israélienne redessine la carte d’un territoire qui n’a jamais été vraiment libre, les Gazaouis redessinent eux aussi leurs priorités : survivre, manger, prier et… espérer.

Mais l’espoir, comme l’eau  et la nourriture à Gaza, devient rare. L’espoir, c’est ce qu’on a quand il reste un minimum d’humanité dans le camp d’en face. Or, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu semble avoir d’autres plans : effacer 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza. 

En effet, depuis le 7 octobre 2023, ce territoire est l’épicentre d’une opération militaire qui se donne des airs de guerre contre le Hamas, mais qui ressemble de plus en plus à une guerre contre l’existence du peuple palestinien. 

Car, pour Israël, chaque maison détruite est une «zone de sécurité», chaque école bombardée un «bastion du terrorisme» et chaque enfant sous les décombres... une erreur de trajectoire que l’algorithme corrigera au prochain tir.

On appelle cela des «frappes ciblées». Une belle trouvaille lexicale pour éviter les mots qui fâchent : massacre, famine, déportation…

 

La paix, une chimère
La paix semble être devenue l’ennemie numéro un de Netanyahu. Il refuse les trêves partielles, mais ne propose jamais de solution complète. Il promet de détruire le Hamas, mais chaque jour bombarde un peu plus les civils. Et quand on lui parle d’Etat palestinien, il regarde ailleurs.

En réalité, que lui resterait-il à défaut de guerre ? La paix obligerait à reconstruire, à négocier et à coexister. Elle obligerait à reconnaître que 2,4 millions de Gazaouis ne sont pas un décor, mais des vies.

Et cela, pour une certaine droite israélienne, serait la pire des concessions. Alors on rase. On découpe. On restreint les libertés de circuler.

Aujourd’hui, plus de 50% du territoire sont interdits aux Palestiniens. Et pendant ce temps, des ministres israéliens appellent sans trembler à «réduire de moitié» la population palestinienne, au nom d’un concept baroque : l’émigration volontaire. Volontaire, vraiment ? 

Quand les bombes pleuvent, que les hôpitaux sont rasés, l’aide humanitaire coupée et que les tentes où dorment des familles prennent feu, rester devient un acte de rébellion. Partir, une soumission. 

Alors, ceux qui rêvent de faire de Gaza une «Riviera du Moyen-Orient» ont visiblement pris trop de soleil sur la tête. On n’a jamais vu une station balnéaire jaillir d’un charnier.

Et pourtant, ils insistent. Les colons veulent revenir, les extrémistes veulent «nettoyer» Gaza et Netanyahu, en l’absence d’un procès pour corruption (ça traîne toujours), préfère enterrer ses soucis sous des décombres, et accessoirement quelques milliers de civils.

Pendant ce temps, la communauté internationale, elle, s’indigne parfois mais n’agit pas, Donald Trump valide l’épopée macabre de Netanyahu et l’ONU est impuissante.

Mais Gaza brûle. Gaza est affamé au point que ses habitants mangent des tortues de mer, non pas par goût d’exotisme, mais parce qu’il ne reste que ça.

Gaza se meurt pendant que se renforce cette idée glaciale que, peut-être, pour certains, une Palestine sans Palestiniens serait plus pratique.

La tragédie, c’est que ce scénario n’a rien d’un excès de langage : près de 51.200 morts, une famine organisée et une armée qui rase tout. «Méthodiquement», selon ses propres soldats. Et l’on continue de parler de «riposte» et de «légitime défense» pour justifier l’injustifiable.

Comme si, depuis un an et demi, la guerre contre le Hamas ne s’était, pas, en vérité, muée en entreprise de démolition systématique d’un territoire et d’éradication d’un peuple !

 

F. Ouriaghli

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