François Bayrou joue ce lundi l’avenir de son gouvernement. A l’Assemblée nationale, le Premier ministre engagera la responsabilité de son équipe en sollicitant un vote de confiance pour faire valider son programme budgétaire, dans un climat de tensions politiques et financières inédites depuis des décennies.
La journée s’annonce décisive pour Matignon. A 15h00 (13h00 GMT), François Bayrou prononcera sa déclaration de politique générale, suivie d’un vote prévu vers 19h00. Officiellement, il s’agit de sceller l’accord des députés autour de 44 milliards d’euros d’économies prévus pour 2026, afin de réduire un déficit public qui a atteint 5,8% du PIB en 2024.
L’objectif affiché : ramener ce chiffre à 4,6% dès l’année prochaine et enrayer une spirale d’endettement qui pèse lourdement sur le pays.
La dette française culmine aujourd’hui à près de 114% du PIB, plaçant la France au troisième rang des pays les plus endettés de la zone euro, derrière la Grèce et l’Italie.
Depuis son arrivée à Matignon en janvier, Bayrou n’a cessé de marteler la nécessité d’un «effort national» pour redresser les comptes.
Il a proposé une batterie de mesures radicales, allant d’une année blanche fiscale au gel des pensions et prestations sociales, en passant par la suppression de deux jours fériés. Autant de décisions impopulaires, mais qu’il juge incontournables pour restaurer la confiance des marchés et préserver la croissance.
Une survie politique compromise
Mais l’issue du scrutin ne fait guère de doute. Faute de majorité parlementaire, le camp présidentiel ne peut espérer inverser la tendance. L’opposition, de l’extrême droite à l’extrême gauche, a d’ores et déjà annoncé qu’elle voterait contre la confiance. Selon un sondage publié dimanche, si de nouvelles législatives avaient lieu, le Rassemblement national et ses alliés arriveraient largement en tête du premier tour, avec 33% des suffrages, devant la gauche et très loin devant la majorité présidentielle.
Dans ce contexte, la défaite du gouvernement Bayrou apparaît inévitable. Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, qui cherche déjà son troisième Premier ministre depuis la dissolution de 2024, se prépare à tourner la page. L’entourage du président a écarté, pour l’instant, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, mais n’exclut pas de désigner rapidement un chef de gouvernement issu de la gauche pour tenter de briser l’impasse.
La perspective d’une chute programmée alimente l’incertitude politique et économique. L’opinion publique observe avec inquiétude l’instabilité chronique qui fragilise l’action de l’exécutif depuis près d’un an.
Chaque démission de Premier ministre affaiblit un peu plus l’autorité présidentielle, tandis que la situation budgétaire continue de se dégrader.
François Bayrou, qui avait placé son mandat sous le signe de la vérité et de la responsabilité, pourrait donc quitter Matignon après seulement neuf mois. «Ce vote doit être un moment de vérité», avait-il lancé, appelant les députés à dépasser les calculs partisans pour répondre à l’urgence financière. Mais, faute de relais politiques solides et dans un paysage fragmenté, son appel semble voué à l’échec.
A l’heure où la France ploie sous une dette abyssale, la crise institutionnelle qui s’ouvre laisse planer une interrogation majeure : qui pourra redonner au pays une direction claire et une stabilité durable ?