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Benjamin Netanyahu : Un certain cynisme politique

Benjamin Netanyahu : Un certain cynisme politique

Israël a relancé l’assaut terrestre sur Gaza-ville. Objectif officiel : finir le travail et «anéantir» le Hamas, dont 2.000 à 3.000 combattants seraient dans la ville, selon Tsahal. Pour «faciliter» la fuite des civils vers le sud, l’armée a ouvert temporairement un couloir. La brutalité de la scène n’est pas nouvelle. Depuis le début du conflit, les Gazaouis ne sont en sécurité nulle part… et tombent comme des mouches.

Le ministère de la Santé de Gaza recense plus de 64.000 morts, alors que la situation humanitaire est catastrophique, l’ONU déclarant la famine dans certaines zones. Au niveau de la communauté internationale, l’indignation est totale. L’Union européenne dénonce «plus de destructions, plus de morts», tandis qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, ne mâche plus ses mots, qualifiant la situation de «moralement, politiquement et légalement intolérable».

Son haut-commissaire aux droits de l’Homme, Volker Türk, réclame la fin du «carnage» et parle de «preuves grandissantes» d’un «génocide». A Genève, une commission d’enquête internationale, mandatée par le Conseil des droits de l’Homme, franchit le pas : elle accuse pour la première fois Israël de commettre un «génocide» à Gaza et met en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres responsables. Israël fulmine : «rapport mensonger» et «commission à dissoudre».

De son côté, Paris dénonce «une campagne destructrice, qui n’a plus de logique militaire», et exige l’entrée de l’aide et la reprise des pourparlers pour un cessez-le-feu, assorti d’un accord sur les otages. Londres parle d’une opération «totalement irresponsable et épouvantable». En Espagne, le roi Felipe VI est sorti de sa réserve pour dénoncer «la souffrance indicible de centaines de milliers d’innocents» et une «crise humanitaire insupportable».

Le gouvernement Sanchez, déjà en première ligne pour la reconnaissance d’un Etat palestinien en 2024, soutient les manifestations massives qui ont carrément neutralisé l’arrivée de la Vuelta à Madrid. L’Espagne va jusqu’à brandir une menace de boycott de l’Eurovision si Israël participe à l’édition à venir. Plusieurs pays (Irlande, Slovénie, Islande et Pays-Bas) avaient déjà ouvert la brèche.

En Italie, la Confédération générale italienne du travail (CGIL) appelle à une journée de mobilisation nationale le vendredi 19 septembre contre «le massacre » à Gaza et réclame la suspension des coopérations commerciale et militaire avec Israël. En face, Washington répète son «soutien indéfectible» à l’objectif d’éliminer le Hamas. Le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, concède tout de même qu’il reste «une petite fenêtre» (quelques jours, peut-être quelques semaines) pour arracher un accord.

Parallèlement, Netanyahu maintient sa ligne dure : la frappe du 9 septembre à Doha contre des responsables du Hamas était «entièrement justifiée», dit-il. Problème : Doha est le médiateur clef dans ce conflit depuis deux ans. Cette attaque a scandalisé les capitales arabes, embarrassé Washington et fait enrager le Qatar qui y voit une tentative délibérée de torpiller les discussions.

Politiquement, le gouvernement Netanyahu récolte ainsi à l’extérieur une tempête de désapprobations et, à l’intérieur, des reproches croissants de familles d’otages qui l’accusent de saper tout accord. Car l’escalade militaire obstrue toute issue vers un cessez-le-feu.

Mais n’est-ce pas ce que veut Netanyahu : se maintenir au pouvoir en faisant perdurer la guerre ? Ouvrir des routes pour faire fuir la population avant de détruire les destinations ? Bombarder le médiateur et regretter que la médiation fasse du sur-place ? Fabriquer sa légitimité en massacrant des civils innocents ? Ce cynisme politique, les Palestiniens le paient très cher. 

 

D.William

 

 

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