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Chute de la production de blé : Un coup dur pour la balance commerciale

Chute de la production de blé : Un coup dur pour la balance commerciale

Suite à la baisse significative de la production de blé prévue cette année, le Maroc se voit contraint d’importer environ 70 millions de quintaux pour couvrir les besoins locaux.

 

Par M. Ait Ouaanna

Locomotive de l'économie nationale, le secteur agricole est le premier et grand perdant de la sécheresse qui sévit dans le Royaume depuis plusieurs années déjà. Suite notamment à un manque de précipitations accru au fil des campagnes agricoles, la filière céréalière a vu sa production fléchir. Dans son dernier rapport semestriel sur les perspectives alimentaires mondiales, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) confirme cette tendance en mettant la lumière sur un recul, en 2024, de la production de blé au Maroc.

Dans le détail, l’Organisation prévoit une baisse d’environ 40% par rapport à l’année précédente, avec seulement 2,5 millions de tonnes, ce qui est en deçà de la moyenne. Face à cette situation, le Royaume se voit contraint d’augmenter ses importations, ce qui, selon la même source, le placera au sixième rang des principaux importateurs de blé dans le monde. Et de préciser que les importations pourraient enregistrer une hausse de 19% cette année, soit un total de 7,5 millions de tonnes.

Détaillant les raisons derrière cette baisse significative des rendements, le rapport relève que le faible niveau des précipitations ainsi que la hausse des températures ont durement impacté les conditions des cultures céréalières dans le pays. Commentant les données dévoilées par la FAO, Mohamed Jadri, économiste et directeur de l'Observatoire du travail gouvernemental, souligne que cette régression de la production impactera considérablement la balance commerciale du pays suite à un recours accru à l’importation.

«Il est essentiel de rappeler que les prévisions de la Loi de Finances 2024 tablent sur un taux de croissance de 3,7%, avec une production de céréales moyenne de 75 millions de quintaux. Mais d’après les estimations, la production de cette année serait de 32 millions de quintaux de céréales seulement, au moment où la consommation locale dépasse largement les 100 millions de quintaux. Face à cette situation, le gouvernement marocain sera dans l’obligation d'importer environ 70 millions de quintaux pour couvrir les besoins locaux», affirme-t-il. Et de poursuivre : «Bien entendu, cette importation sera payée en devises, et il est important de souligner qu'il y a un an, le coût des importations de produits alimentaires, dont le blé, avait dépassé les 89 milliards de dirhams au moment où la valeur des exportations agricoles et agroalimentaires n'avait atteint que 83,142 milliards de dirhams. Cette année, les importations de céréales vont coûter bien plus de 100 milliards de DH, payés en devises. Cela affectera négativement notre balance commerciale et mettra en péril notre souveraineté alimentaire».

Par ailleurs, l’économiste estime que cette situation ne pourrait s’améliorer qu’après la mise en œuvre effective des diverses initiatives prévues dans le cadre du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation (PNAEPI). «Cette problématique ne peut être résolue avant l’année 2027, qui marquera la fin du PNAEPI. Ce dernier vise, entre autres, la liaison entre les bassins hydrauliques, la construction de stations de dessalement d’eau de mer, des petits et moyens barrages et des stations de traitement des eaux usées». De son côté, Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement (Comader), fait savoir qu’avec la récurrence des épisodes de sècheresse, les importateurs ont pris l'habitude de s'adapter à cette réalité et de préparer les stocks requis en temps opportun.

«Cela fait un moment que la production est en baisse et le Maroc s’y était préparé. D’ailleurs, les résultats de l’année en cours sont évidents depuis au moins le mois de février, suite à un manque de précipitations criard. Durant les mois de janvier et février, il n'y avait pas une seule goutte d'eau. On savait déjà que plus de la moitié de la campagne était ratée et que la production ne dépasserait pas les 40 millions. A ce moment-là, les importateurs avaient été avertis. Il y avait des périodes où les prix étaient assez bas à travers le monde, ce qui les incitait à importer du blé. Les importateurs ont pris l'habitude, on en est à la sixième année de sécheresse d'affilée. Ils savent désormais se préparer et constituer les stocks nécessaires quand c'est requis», assure-t-il.

«Nous disposons actuellement de stocks suffisants pour les 4 à 5 prochains mois. De plus, étant donné que les prix ont commencé à baisser récemment, nous allons continuer à en stocker davantage. Cet été, la petite production nationale prendra le relais, mais par la suite, nous devrons malheureusement recourir aux importations comme d'habitude. Cela se répète annuellement depuis 6-7 ans, et nous espérons que cette année sera la dernière», conclut le président de la Comader. Pour faire face à ce défi de taille, la FAO relève qu’il est nécessaire de renforcer les initiatives visant à alléger les impacts climatiques et à varier les sources d’approvisionnement en blé. 

 

Record des exportations de céréales russes vers le Maroc
En 2024, plus de 200.000 tonnes de céréales russes, principalement du blé, ont été exportées vers le Maroc, selon l'agence de surveillance agricole russe Rosselkhoznadzor. La grande partie de cette cargaison a transité par le port de Vysotsk, situé dans le nordouest de la Russie, qui seul a expédié 94.000 tonnes de grain vers le Royaume depuis le début de l'année. Une délégation marocaine a récemment visité la Russie et a pu observer le processus d'exportation, incluant le contrôle de la qualité et la sécurité des cargaisons. Les deux parties ont convenu de renforcer leur coopération bilatérale, notamment dans le domaine des exportations, ainsi que d'échanger des expériences sur les systèmes d'information des régulateurs russes.

 

 

 

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