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Un vent nouveau souffle sur la CAVB

Un vent nouveau souffle sur la CAVB

◆ Présidente de la Fédération royale marocaine de volley-ball (FRMV), Bouchra Hajij est également la première femme marocaine et africaine présidente de la Confédération africaine de volleyball (CAVB).

Elle nous dévoile, à cœur ouvert, les grandes lignes de sa nouvelle mission.

 

Propos recueillis par Ibtissam. Z.

 

Finances News Hebdo : Vous avez remporté haut la main la présidence de la CAVB. Selon vous, à quoi est dû ce plébiscite ?

Bouchra Hajij : Tout d’abord, je vous remercie pour l’intérêt que vous portez au sport en général. Permettez-moi de vous signaler que le mot «plébiscite» me dérange un peu. Lorsqu’on compare une élection à un plébiscite, il y a une connotation péjorative, dans la mesure où il est considéré comme un dispositif qui ne laisse pas un choix libre aux électeurs, comme si l’on forçait la main aux votants. Certes, la victoire était écrasante à une forte majorité de 42 pays contre 12 pour le président sortant. Mais il faut reconnaître que le mérite revient à certains présidents de fédérations, mais également à un groupe de leaders africains qui ont décidé de gérer les affaires de la Confédération avec une gouvernance efficace et une gestion sportive transparente et saine.

C’est aussi le fruit d'une stratégie concertée entre les différentes fédérations nationales qui souhaitent apporter du changement au niveau du top management de notre institution et encourager l’alternance et la démocratie. Je n’oublierais jamais la mobilisation des fédérations autour de ma modeste personne. Certes, ce n'est pas la campagne que nous avions prévue au début, car nous n’avons pas pu terminer la tournée de toutes les zones à cause de la pandémie. Mais nous avons pu tout de même continuer nos réunions par visioconférence. Cette victoire est le fruit d’une stratégie et d’une lecture des leaders africains qui ont visé juste. Ils étaient confrontés au choix du président le plus apte pour le développement de la Confédération.

 

F.N.H. : La CAVB a-t-elle actuellement des moyens financiers et techniques suffisants pour vous permettre de mener à bien votre programme ?

B. H. : Aujourd’hui, la CAVB dépend uniquement des subventions reçues par la fédération internationale. Pour pérenniser notre activité, l’urgence est de trouver des financements. C’est désormais une priorité. Varier nos ressources financières est également important pour ne pas dépendre uniquement de la subvention de la FIVB. En cela, des changements s’imposent, à savoir :

• Être en mesure de lever des fonds en fonction de nos besoins;

• Être capable d’utiliser le numérique pour optimiser la recherche de financement;

• Former les dirigeants des fédérations nationales en marketing sportif et, plus généralement, en management des organisations sportives.

• Créer un département marketing et des investissements. Les revenus des contrats et accords d'investissement seront utilisés pour soutenir financièrement les pays africains. Le but de cette proposition est de chercher à accroître la capacité de financement de la CAVB.

• Signature de contrats avec des entreprises internationales et des sponsors, comme la société Mikasa, et certaines sociétés de vêtements pour arbitres, assistants administratifs, joueurs, ou toute nouvelle société et sponsor.

 

F.N.H. : Quels sont les problèmes récurrents que connaît le volley-ball sur le plan continental ? Quid du volley-ball féminin ?

B. H. : Le volley-ball africain traverse une période de crise sans précédent, marquée par de nombreux conflits qui freinent son évolution et dont nous sommes responsables pour n’avoir pas pu les éviter à temps, soit par l’absence d’un leadership visionnaire à la tête de notre institution ou par manque de moyens. A cet effet, nous avons mis en place un plan d’action pour la promotion et le développement du volley-ball et beach- volley qui s’articule autour de 7 secteurs : administration et finances; formation et développement des compétences techniques; équipements et installations sportives; organisation des compétitions; promotion du volley-ball et beach-volley; préparation des joueurs de haut niveau; et diversification des sources de financement et recherche les sponsors.

 

F.N.H. : Durant votre mandat, avez-vous prévu de vous pencher sur des problématiques comme le déficit d’infrastructures, l’encadrement…?

B. H. : Accroître l’aide destinée aux équipements pour favoriser l’accès à la pratique sportive d’un grand nombre en Afrique est aussi l’une de nos priorités. Nous devons faire de l’accès au volley-ball et au beach- volley un droit pour tous. Le volley-ball doit être utilisé comme un outil de promotion de la paix, du bien-être et du développement communautaire. Les fédérations nationales sportives, les écoles et les communes ont besoin de matériels pour rendre notre sport plus populaire. En effet, plusieurs pays africains n’ont pas encore d’installations sportives appropriées et réglementaires.

Seul un nombre limité de pays organise et abrite les compétitions régionales et continentales. En plus de nos partenaires africains, nous comptons créer un partenariat d’assistance avec les sponsors africains et mondiaux pour qu’ils participent activement au développement des équipements et des installations sportives de volleyball et de beach-volley en Afrique. Nous soutiendrons des projets qui seront proposés à notre institution et nous nous engagerons à :

• Favoriser le système de dons des ballons et de matériels offerts par nos partenaires et nos sponsors destinés à promouvoir le volley-ball et le beach-volley dans les écoles et les communes.

• Soutenir les projets de partenariat entre les fédérations nationales, les ministères des Sports et de l’Education nationale ainsi que les communes, visant à créer des espaces de jeux et la construction d’installations sportives en plein air et des salles couvertes.

• Soutenir les projets de partenariat entre les fédérations qui gèrent les sports en salle (volleyball, basket-ball et handball), visant la construction de salles omnisports en Afrique, en partenariat avec les fédérations internationales.

• Soutenir des projets de coopération et de développement des installations sportives initiés par les États africains, en collaboration avec les Fédérations nationales de volley-ball.

• Communication avec les autorités sportives des fédérations nationales pour assurer leur soutien.

 

F.N.H. : Envisagez-vous de faire ou de créer des partenariats avec d’autres pays qui ont un certain savoir-faire afin de rehausser le niveau du volley-ball en Afrique, surtout en cette période de crise sanitaire ?

B. H. : Mon constat de la réalité du volley-ball en Afrique contraste avec la place qui lui est due, où il peine vraiment à suivre la cadence imprimée par le haut niveau mondial. Ma plus grande ambition est de rehausser le niveau et porter le volley-ball vers le sommet en Afrique. Mon plan d'action sera basé sur une gestion participative, par l'implication de toutes les fédérations nationales et tous les acteurs concernés, surtout que le fort potentiel compétitif de notre continent et ses innombrables talents n’attendent que d’être révélés aux yeux du monde. Les résultats obtenus par les équipes africaines aux Jeux olympiques, au Championnat du monde de volley-ball et de beach-volley montrent que le continent progresse lentement, car il est toujours éliminé dès le premier tour.

L’accès aux quarts de finale reste assez compliqué pour l’Afrique. Cependant, beaucoup de joueurs d’origine africaine, évoluant à l’étranger, honorent le sport et le volley-ball dans le monde entier. Pour remédier à ces contraintes, nous envisageons de prendre des initiatives, notamment l’organisation de forums et d’ateliers de réflexion sur le développement du volley-ball et du beachvolley en Afrique par des experts internationaux; la création d’un cadre de coopération et développement inter-confédérations, essentiellement avec l’Asie et l’Europe, permettant les échanges et le partage des connaissances entre l’Afrique et les autres continents; l’établissement des échanges et le partage des connaissances interfédérations; et la création d’un centre africain d’entraînement de haut niveau destiné à la préparation des meilleures équipes du continent.

 

F.N.H. : Après votre élection, le Souverain vous a adressé un message de félicitations. Quel est votre ressenti par rapport à cela ?

B. H. : Être la première femme marocaine, africaine, présidente de confédération est un honneur pour moi et pour toutes les femmes marocaines. C’est une immense joie et un fort sentiment de fierté quand j’ai reçu les félicitations de Sa Majesté, que Dieu l’assiste. Pour moi, c’était un jour béni, je suis heureuse et honorée par cette haute distinction. C’est aussi une très grande responsabilité que j’endosse aujourd’hui. Je voudrais réitérer ma gratitude, en mon nom et au nom de toutes les composantes du volleyball africain, et exprimer mes vœux déférents à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, priant le ToutPuissant de l’assister dans sa noble mission pour la gloire et la grandeur de notre nation.

 

Bouchra Hajij, une femme de défis

Passionnée de sport et de volley-ball, Bouchra Hajij poursuit son petit bonhomme de chemin. Élue par 42 voix contre 12 (sur 54 fédérations), elle remplace le président sortant, l’Egyptien Amr Elwani, à la tête de CAVB depuis 30 ans ! Bouchra Hajij est également membre de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) et du Comité international olympique (CIO). Elle a endossé les couleurs de l’équipe nationale pendant 20 ans et remporté des titres importants, notamment la Coupe d’Afrique des nations, le Championnat arabe ou encore une 3ème place aux Jeux méditerranéens... Femme de défis, Bouchra Hajij entend donner davantage la chance aux femmes afin de mieux s’exprimer sur un terrain ou dans des postes de responsabilité. Dirigeante depuis 18 ans, la native de Meknès se fixe désormais de nouveaux challenges : rehausser le niveau du volley-ball à l’échelle nationale et continentale. Un vent du renouveau souffle… sur la CAVB.

 

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