Dans son discours d’ouverture du Parlement, prononcé le 10 octobre 2025, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a livré une parole de hauteur et de vérité. Plus qu’un message solennel, ce fut une invitation à la conscience nationale, un moment de clarté où la politique se réconcilie avec sa vocation première : servir et construire.
Par Abdelkhalek Hassini, enseignant-formateur en France, chroniqueur, conférencier, spécialiste en migration et développement et acteur associatif
Le Souverain y trace la voie d’un Maroc émergent et souverain, édifié sur l’équité, la transparence, la mobilisation collective et la responsabilité partagée. Son propos est limpide : le développement ne se décrète pas; il se mérite par le sérieux, l’engagement et le sens du devoir.
Le Roi rappelle avec fermeté que la mission politique n’est pas un exercice de pouvoir, mais un engagement de conscience.
«Soyez, que Dieu vous garde, dignes de la confiance placée en vous; faites aussi preuve d’intégrité, d’engagement et d’abnégation au service de la Patrie.» Ces mots résonnent comme un serment adressé aux élus, aux responsables publics, mais aussi à toutes les institutions qui incarnent l’État. Gouverner, souligne-t-Il, c’est écouter avant de décider, rendre compte avant de revendiquer.
La politique, selon Sa vision, retrouve ainsi son sens premier : servir avec loyauté, agir dans la vérité, et faire de la responsabilité un acte de foi civique. Le Roi met en garde contre la tentation du calcul et les discours sans œuvre : la confiance du peuple se gagne par la droiture et se consolide par les résultats.
À travers cet appel, le Souverain refonde la morale publique : l’intégrité devient la trame invisible du progrès, la redevabilité, son instrument. Chaque mandat, chaque mission, chaque responsabilité doit être portée par la conscience du bien commun. Le Maroc émergent ne saurait se bâtir sans cette alliance entre éthique et efficacité, entre valeurs et résultats tangibles.
Puis vient ce passage qui ancre le message royal dans la durée : «Le diptyque justice sociale et lutte contre les inégalités territoriales est loin d’être un slogan creux».
Ces mots redéfinissent la boussole du Royaume. La justice sociale devient l’axe cardinal d’un développement juste et équitable, enraciné dans la réalité des territoires et des citoyens. Les zones montagneuses, les oasis, le littoral et les espaces ruraux ne sont plus des marges : ils deviennent les nouvelles centralités d’un Maroc équilibré, porteurs d’un potentiel à reconnaître, relier et valoriser. Le Roi y voit la clé de la cohésion nationale et de la stabilité durable : la justice territoriale n’est pas un thème conjoncturel, mais une orientation de civilisation.
Mais ce message n’appelle pas seulement à l’équité; il exige une transformation intérieure. Le Souverain souligne avec lucidité : «La transformation majeure que Nous entendons opérer en matière de développement territorial requiert un changement significatif des mentalités et des méthodes de travail, ainsi qu’un véritable enracinement de la culture du résultat».
Ces mots tracent une ligne de rupture : il faut passer de la logique d’intention à la culture de l’impact. Le Roi appelle à une nouvelle génération de programmes de développement territorial, porteurs de célérité, de rigueur et de responsabilité mesurable, conduits par des acteurs engagés et une administration qui écoute avant d’agir.
C’est une réforme du regard, penser autrement pour mieux servir. La bureaucratie figée doit céder la place à un service public vivant et responsable, où chaque décision trouve sa légitimité dans son utilité réelle pour le citoyen.
Dans cette même cohérence, le Roi rappelle avec hauteur que la cohésion nationale ne doit jamais être sacrifiée aux logiques de rivalité : «Il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux, tant que le but recherché est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie des citoyens».
Le développement, rappelle-t-Il, est une œuvre collective, une synergie d’intelligences et de volontés. Les partis politiques, les institutions, la société civile et les médias sont invités à dépasser les frontières partisanes pour se retrouver dans un même horizon : l’intérêt supérieur de la Nation.
Le Maroc émergent que le Roi appelle de ses vœux est un pays coopératif, responsable et humain, où la politique cesse d’être un espace de compétition pour redevenir un espace de convergence et de service. Car aucun progrès n’est durable sans unité d’action, sans confiance partagée, sans responsabilité assumée.
Tout au long du discours, se déploie une même respiration : celle d’un Maroc qui avance avec conscience et dignité. Le Roi relie la foi à l’action lorsqu’Il rappelle : «Quiconque fait un bien, fût-ce du poids d’un atome, le verra».
Cette parole spirituelle donne au développement un sens moral et consacre la valeur de chaque geste juste, de chaque décision prise pour le bien commun. Le Maroc qui se dessine est celui d’une gouvernance du cœur et de la raison, où efficacité et humanité, résultat et équité, responsabilité et confiance s’unissent dans un même souffle.
Ce discours ne se contente pas d’orienter : il inspire. Il s’adresse autant aux décideurs qu’aux citoyens, les invitant à participer à une transformation durable et partagée.
Il se distingue de tout commentaire conjoncturel par sa profondeur éthique et sa portée universelle : il érige la justice sociale en horizon, la responsabilité en moteur et la mobilisation collective en condition de réussite. Dans ce Maroc qui se lève, la politique redevient promesse tenue, la gouvernance, preuve d’intégrité, et la proximité, exigence de vérité.
Ainsi, le discours royal du 10 octobre 2025 n’est pas une intervention parmi d’autres, il est un appel au sursaut, un texte fondateur pour un Maroc d’équité, de dignité et de confiance retrouvée. Un Maroc qui agit, non pour paraître, mais pour durer. Un Maroc qui ne parle pas de justice : il la fait.