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Pluies diluviennes au Maroc : Comment expliquer ces phénomènes et quels risques pour l'avenir ?

Pluies diluviennes au Maroc : Comment expliquer ces phénomènes et quels risques pour l'avenir ?

Jamais, depuis près de cinq décennies, le désert du Sahara marocain n’avait vu pareilles scènes : dunes recouvertes d’eau, oueds en crue et villages isolés sous une pluie diluvienne. Ces mois de septembre et octobre 2024 ont été marqués par des événements météorologiques d’une intensité et d’une rareté sans précédent, et ont provoqué une onde de choc dans le sud et le sud-est du Maroc.

Ces régions, habituées à un climat aride, ont subi des pluies exceptionnelles, causées par des conditions atmosphériques anormales.

Entre le 6 et le 9 septembre, et de nouveau du 19 au 22 septembre, ces zones désertiques ont été frappées par des averses orageuses d'une intensité rarement observée, accompagnées parfois de grêle.

Des volumes d'eau inédits ont été enregistrés : plus de 200 mm en 48 heures dans certaines localités. À titre de comparaison, ces précipitations représentent plus de la moitié de la moyenne annuelle dans ces régions qui, historiquement, enregistrent peu de pluies.

 

La montée du front intertropical, une cause inhabituelle

Selon la Direction générale de la météorologie, ce phénomène exceptionnel est dû à un facteur climatique peu commun : la remontée du front intertropical (ZCIT), une ceinture météorologique située habituellement bien plus au sud. Cet événement climatique a permis aux masses d’air tropicales chaudes et humides de s’avancer vers le nord, où elles ont rencontré des masses d'air froides en provenance de l'Europe.

Le choc thermique qui en a résulté, a provoqué des averses violentes et soudaines, déclenchant des crues intenses dans les provinces de Tata, Zagora et Agdz.

Dans certains villages, comme Aqqa (province de Tata), des précipitations de 127 mm ont été enregistrées en une seule journée. Ces chiffres impressionnants témoignent d’une anomalie climatique, à la fois par leur fréquence et leur intensité. Pour la population locale, qui n’avait jamais connu de telles inondations, l'ampleur de la catastrophe est inédite.

Des routes ont été coupées, des habitations submergées, et les cultures endommagées.

 

Des crues dévastatrices accentuées par la topographie

Dans ces régions montagneuses et désertiques, la topographie a aggravé les effets des intempéries. Les précipitations, concentrées sur une courte période, ont été rapidement collectées dans les bassins et vallées, provoquant des crues soudaines et violentes. Les cours d'eau temporaires, habituellement à sec, ont débordé, inondant les villages environnants et emportant parfois tout sur leur passage.

À N’Kob, un village de la province de Zagora, 63 mm de pluie sont tombés en 24 heures, entraînant des dégâts matériels considérables. Les habitants racontent des scènes de panique alors que les torrents d'eau dévalaient les montagnes, rendant toute évacuation impossible.

 

Vers une nouvelle normalité climatique ?

Ces événements extrêmes, aussi rares soient-ils, pourraient bien se multiplier à l’avenir. Les experts climatiques de la DGM mettent en garde contre les effets du réchauffement climatique, qui modifient les schémas météorologiques à l’échelle mondiale.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la hausse des températures mondiales pourrait intensifier la migration vers le nord du front intertropical, rendant ces épisodes pluvieux de plus en plus fréquents dans des régions historiquement sèches.

La forte évaporation des océans, liée à cette augmentation des températures, est également un facteur aggravant. Elle alimente l’atmosphère en humidité, augmentant le risque de pluies torrentielles lorsque cette humidité rencontre des masses d’air froides en altitude, comme cela a été le cas en septembre 2024.

Pour les populations locales, ces phénomènes représentent un nouveau défi à relever. Les infrastructures, souvent inadaptées aux risques d'inondation, doivent être renforcées pour faire face à ces événements climatiques imprévisibles.

 

Une situation alarmante pour l’avenir

Ces pluies diluviennes viennent s'ajouter à un tableau climatique mondial de plus en plus inquiétant.

Ce mois de septembre a non seulement battu des records de précipitations, mais a aussi laissé entrevoir les conséquences dramatiques que le changement climatique pourrait avoir pour les régions arides du Maroc.

Avec des images impressionnantes des dunes du Sahara entourées d’eau ou une ville de Marrakech sous l’eau, ces événements météorologiques exceptionnels pourraient marquer un tournant dans la manière dont le Maroc aborde la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles. Des experts appellent à une adaptation urgente des politiques publiques face aux nouvelles réalités climatiques.

Pour l’heure, les autorités marocaines sont mobilisées pour évaluer les dégâts et venir en aide aux populations touchées. Mais la question persiste : comment anticiper et se préparer à des événements qui, autrefois rares, semblent être en passe de devenir la nouvelle normalité ?

 

L'impact du changement climatique au Maroc

Le réchauffement climatique entraîne une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes.

Selon une étude de l’ONU, le Maroc pourrait connaître d’ici 2050 une augmentation de 2°C des températures moyennes, avec une réduction des précipitations de 10% à 20%. Si les phénomènes actuels sont des indicateurs du futur, il est urgent de revoir la gestion de l’eau et surtout des infrastructures dans le pays.

 

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