Le vendredi 28 mars 2025, le Roi Mohammed VI a renouvelé sa confiance en Amina Bouayach, reconduite pour un second mandat à la présidence du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), après une première nomination en décembre 2018.
Depuis sa prise de fonction, Bouayach a entrepris une transformation profonde du CNDH, dotant l’institution d’une nouvelle stratégie centrée sur l’effectivité des droits et libertés. Cette approche repose sur trois piliers fondamentaux : la prévention des violations, la protection des victimes et la promotion des droits humains en tant que culture et pratique. Le Conseil a ainsi renforcé son rôle en tant qu’institution nationale conforme aux Principes de Paris, jouant un rôle de pont entre l’État et la société.
Durant son premier mandat, le Conseil a instauré la publication d’un rapport annuel sur l’état des droits humains au Maroc, devenu un rendez-vous incontournable, contribuant au respect des standards internationaux encadrant le travail des institutions nationales des droits de l’Homme.
Le bilan de cette première mandature est éloquent : cinq rapports annuels publiés, 58 rapports, avis et mémorandums, ainsi que de nombreux soutiens à des publications en lien avec les droits humains. Le CNDH a également effectué 191 visites de prévention, plus de 800 visites de protection dans les lieux de privation de liberté, traité plus de 18 000 plaintes et assuré 962 interventions ou initiatives aux niveaux national et régional.
Trois mécanismes essentiels ont été mis en place sous son mandat : le Mécanisme national de prévention de la torture, le Mécanisme de recours pour les enfants, et le Mécanisme de protection des droits des personnes en situation de handicap. Ces instances fonctionnent de manière structurée à travers des visites, des recommandations et des rapports annuels intégrés dans le rapport global sur les droits de l’Homme au Maroc.
Le CNDH, sous la direction de Bouayach, a également jeté les bases d’un partenariat inédit entre droits humains et sécurité, notamment avec la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Ce partenariat, salué par des institutions homologues comme une bonne pratique, s’est d’abord concentré sur la prévention de la torture et la mise en œuvre des recommandations du mécanisme national, avant de s’élargir à la gestion humanitaire des frontières et à la protection des droits des migrants au Maroc.
Bouayach a par ailleurs initié plusieurs actions en faveur de l'intégration des droits humains dans les programmes scolaires et universitaires, et a joué un rôle central dans de nombreuses réformes majeures telles que la révision constitutionnelle, la justice transitionnelle, l’agenda de l’égalité, la réforme du Code de la famille et la mise en œuvre des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux.
Au-delà du Maroc, Bouayach porte l’ambition d’un « zéro torture » en Afrique. Elle préside le Réseau africain des mécanismes nationaux de prévention de la torture, une initiative lancée par le CNDH durant son mandat, avec pour siège son secrétariat à Rabat, après la Déclaration fondatrice de Marrakech.
Diplomate chevronnée, Bouayach a été ambassadrice du Maroc en Suède et en Lettonie (2016-2018) avant sa nomination au CNDH. Militante engagée depuis ses débuts, elle a œuvré au sein de nombreuses organisations à travers le monde : du Forum africain sur la supervision civile de la police à l’Organisation arabe des droits de l’Homme, en passant par l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (fondatrice et présidente), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) où elle fut vice-présidente puis secrétaire générale, ou encore des groupes de travail sur les libertés dans les réseaux euro-méditerranéens.
En mars 2025, ses pairs l’ont élue à l’unanimité présidente de l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’Homme, après avoir occupé le poste de secrétaire générale durant trois ans. Elle préside également le Groupe africain sur la migration et assure, à travers le CNDH, des rôles clés au sein du réseau africain, de l’alliance mondiale et du réseau arabe des institutions nationales des droits de l’Homme, notamment dans les comités de pilotage et les groupes de travail thématiques.
Née la veille de la Journée internationale des droits de l’Homme (10 décembre), Amina Bouayach porte en elle la symbolique de cette date. Depuis son jeune âge, elle consacre sa vie à la défense des victimes, des personnes vulnérables, à la justice, à la dignité et aux droits humains. Elle est diplômée en économie et parle cinq langues : l’arabe, l’amazighe, le français, l’anglais et l’espagnol.