Les observateurs se sont longtemps demandés si l’armée allait continuer à soutenir le président algérien Abdelaziz Bouteflika ou si elle allait basculer du côté du peuple.
La réponse à cette interrogation semble avoir été donnée ce mardi 26 mars.
Le chef d’Etat-major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, proche de Bouteflika, a, dans une allocution télévisée depuis Ouargla, demandé que soit engagée la procédure prévue par l’article 102 de la Constitution, rapporte le site d’informations TSA.
Cet article stipule que «lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement (….)».
Si le Parlement, juge, à la majorité des deux-tiers, que Bouteflika est inapte, c’est le président du Parlement, Abdelkader Bensalah, qui prendrait alors le pouvoir par intérim pour une période de 45 jours.
Malade est très affaibli depuis l’AVC qui l’a terrassé en 2013, Bouteflika fait face depuis plusieurs semaines à une contestation populaire sans précédent, avec des manifestations quotidiennes, le peuple lui demandant de quitter le pouvoir.
Pour Ahmed Gaïd Salah, la solution permettant «une sortie de crise (…) se trouve dans l’article 102» de la Constitution.
Ce revirement de ce fidèle allié, considéré comme l'homme le plus puissant du pays après Bouteflika, place ce dernier dans une bien mauvaise posture.
Car, sans le soutien de l’armée, il lui sera difficile de se maintenir au pouvoir.
Reste à savoir si le Conseil constitutionnel s'emparera de l'article 102.
Selon les médias algériens, cette hypothèse se confirme de plus en plus et la procédure serait même en cours.
Sauf que Abdelkader Bensalah, qui doit assurer l'intérim, ne fait pas l'unanimité.
D'aucuns le jugent trop proche du régime, ce qui va contribuer à entretenir le système Bouteflika, alors que d'autres évoquent "sa nationalité marocaine d'origine".
Quoi qu'il en soit, la page Bouteflika est définitivement en train d'être tournée.■