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Guerre commerciale de Trump : Dominos tarifaires

Guerre commerciale de Trump : Dominos tarifaires

Après avoir inauguré son premier mandat avec une avalanche de taxes sur l’acier, l’aluminium et tout ce qui pouvait donner du fil à retordre aux concurrents des entreprises américaines, Donald Trump récidive en 2025. Et cette fois-ci, le menu est bien garni : taxes sur l’acier et l’aluminium, et, pour le digestif, des droits de douane probables de 200% sur le champagne et les vins européens.

La menace est claire : si Bruxelles maintient ses taxes de 50% sur le whisky américain, l’Europe pourra dire adieu à son marché florissant aux Etats-Unis. Et Trump, jamais avare en déclarations tonitruantes, justifie sa décision par une rhétorique bien huilée : l’Union européenne serait une organisation qui profite éhontément des Etats-Unis, pillant leurs industries et imposant des règles du jeu biaisées.

Cette nouvelle escalade protectionniste n’est pas une surprise. Déjà, en 2018, Trump avait dégainé ses taxes sur l’acier et l’aluminium, provoquant une salve de représailles de l’Union européenne, de la Chine et du Canada. Mais à l’époque, l’impact était contenu. Aujourd’hui, la situation est plus complexe. L’UE a décidé d’appliquer une contre-offensive proportionnée, ciblant les produits américains de grande consommation comme les bateaux, les motos et, bien sûr, le whisky.

La réponse européenne était inévitable. Comme l’a souligné Eric Lombard, ministre français de l’Economie, «c’est une guerre idiote, comme toutes les guerres d’ailleurs», ajoutant que «mais si on veut pouvoir négocier avec lui, il faut qu’on se mette à armes égales».
La logique est simple : Trump taxe, l’UE taxe en retour et tout le monde se retrouve avec des prix plus élevés et des consommateurs frustrés.

Qui trinque vraiment ?

Si Donald Trump pense protéger l’industrie américaine, il oublie une chose : les guerres commerciales sont rarement gagnantes. Avec 3,8 milliards d’euros de ventes aux Etats-Unis en 2024, les producteurs français ont tout intérêt à maintenir ce marché. Mais, côté américain, la situation est loin d’être plus reluisante. Les tarifs douaniers sur le whisky risquent de frapper durement un secteur déjà fragilisé par la concurrence internationale.

Dès lors, l’un des paradoxes de cette situation est qu’elle pourrait se retourner contre son instigateur. Donald Trump lui-même a reconnu que les Etats-Unis pourraient entrer en récession en 2025. Or, une guerre commerciale à grande échelle ne ferait qu’accélérer cette tendance. 

D’ailleurs, Wall Street ne s’y est pas trompée. Depuis l’annonce de ces nouvelles mesures, les marchés ont effacé presque tous les gains réalisés depuis l’élection de Trump. Une volatilité qui témoigne d’une inquiétude grandissante sur la santé de l’économie mondiale.

Certains observateurs font le parallèle avec la guerre commerciale de 2018, qui avait vu des passes d’armes similaires entre Washington, Pékin et Bruxelles. Mais la situation actuelle est différente : l’inflation post-Covid a déjà fragilisé les économies occidentales, la Chine n’est plus aussi passive et impose désormais ses propres restrictions et l’Europe semble mieux organisée pour riposter collectivement.

Autrement dit, cette nouvelle guerre commerciale pourrait avoir des répercussions plus lourdes que la précédente. D’autant que plusieurs autres pays, du Japon à l’Australie, subissent également les hausses tarifaires américaines et envisagent des contre-mesures.

Finalement, à ce stade, deux scénarios sont donc envisageables. Un premier scénario verrait Trump et Bruxelles négocier un accord de sortie de crise, après quelques mois de tensions et d’escalades. 
Un deuxième scénario, plus inquiétant, serait celui d’une montée en puissance des sanctions et des contre-sanctions, plongeant l’économie mondiale dans une nouvelle crise.


F. Ouriaghli

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