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Poutine et le grand empire russe

Poutine et le grand empire russe

Vladimir Poutine est aujourd’hui un homme isolé. C’est un homme seul face au monde. Et c’est exactement ce qu’il voulait depuis plusieurs années, travaillant sur un projet ficelé dans ses moindres détails pour mettre le monde au pied du mur et imposer sa vision de la realpolitik. Cet homme, qui est capable de l’inimaginable, comme il le dit lui-même en s’adressant à ses «ennemis», montre depuis plus de vingt ans de règne sans partage, sa volonté de reconstruire le grand empire russe, sur les décombres de l’ex-URSS.   
 
Pour atteindre son objectif avant de quitter la scène politique, Vladimir Poutine se dit prêt au pire, quitte à utiliser son arsenal nucléaire contre toute puissance qui voudrait se frotter à lui ou se mettre en travers de son chemin. Dans la logique de Vladimir Poutine, son ennemi de toujours, les États-Unis d’Amérique ont bien largué, en 1945, sur le Japon, la bombe atomique, tuant plus de 240.000 personnes à Hiroshima et à Nagasaki alors que la Deuxième Guerre mondiale était déjà gagnée par les États-Unis et par leurs alliés. 
 
Dans la logique du plus fort, avoir aujourd’hui recours aux armes de destruction massive n’est pas du tout chose impossible. Surtout quand il s’agit d’un homme aussi déterminé et aussi extrême que Vladimir Poutine, porteur d’un rêve aussi fou que son désir de donner au monde une leçon inoubliable qui restera dans les annales de l’Histoire comme le grand fait d’armes d’un président convaincu qu’il devait rectifier les erreurs de cette même histoire qui a consacré un pôle en réduisant l’autre à l’état de spectateur.
 
Sur un autre plan, il faut garder présent à l’esprit quand on tente de faire la lecture de cette guerre d’invasion en Ukraine, avec tout ce qui va suivre, que cette communauté internationale, notamment les USA et l’Union européenne qui traînent derrière eux de graves crimes contre l’humanité entre invasions d’États souverains et livraisons de guerres injustifiées sur la base de preuves montées de toutes pièces. D’abord, les USA qui se fichent de la communauté internationale incapable de les empêcher d’envahir l’Irak et l’Afghanistan. Ensuite, cette même Europe, aujourd’hui clouée au pilori, incapable d’agir, qui a plongé des pays comme la Libye et la Syrie dans le chaos sans aucun espoir de paix ou de stabilité retrouvée. Sans parler de la déstabilisation de régions entières comme le Sahel ou encore la destruction du Yémen envoyant balader les garde-fou et les accusations de toutes les ONG mondiales qui crient toujours au meurtre, au génocide et à l’injustice face à la loi des armes et son corollaire le bénéfice économique généré par la guerre.
 
Dans cette logique implacable, il faut aussi prendre en compte que pour l’allié de Moscou, la Chine, l’invasion de l’Ukraine par la Russie peut, le moment venu, servir d’exemple d’une probable invasion de Taïwan, un État souverain convoité depuis plusieurs décennies par Pékin. Tout comme l’abstention de l’Inde lors du vote au Conseil de sécurité de l’ONU emboîtant le pas à Pékin et laissant la porte ouverte à toute opportunité à saisir dans son conflit larvé et hautement radioactif contre le Pakistan pour le territoire disputé du Cachemire.
 
C’est dire que dans cette guerre d’Ukraine, chacun trouve bien son compte, tôt ou tard et que la loi de la guerre a ceci d’infaillible, c’est qu’elle finit toujours par mettre tout le monde d’accord, d’une manière ou d’une autre.

 

Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
 

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