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Si j’étais ministre des Finances

Si j’étais ministre des Finances

Mohamed Benchaâboun est depuis peu ministre de l’Economie et des Finances. Une nomination bien méritée pour celui qui aura fait de la BCP une banque de référence au Maroc et en Afrique.

Jouissant d’ores et déjà d’un préjugé très favorable, l’on s’attend évidemment, qu’en tant qu’argentier du Royaume, il apporte des réponses concrètes aux défis de développement auxquels est confronté le Maroc en ce moment.

Une tâche difficile tant les chantiers sont énormes et les attentes nombreuses.

Opérateurs économiques, observateurs avertis, société civile… tous sont attentifs aux premiers pas de Benchaâboun aux Finances, particulièrement au moment où se profile la Loi de Finances 2019.

Sa nomination tombe-t-elle au bon moment ? Il n’aura en tout cas pas de temps de grâce, encore moins le temps de profiter de son siège douillet de ministre.

Il sera jugé sur sa première Loi de Finances et devra composer avec un patronat qui en veut toujours plus, une tradition bien ancrée dont le postulat de base est la préservation des équilibres macroéconomiques et un Exécutif dont l’action envers la collectivité d’une manière générale, reste sous-tendue par l’arithmétique politicienne.

Il lui faudra faire appel à son sens du management, déployé avec succès à la BCP, sa rigueur et sa cohérence habituelles ainsi que son talent oratoire pour mettre tout le monde d’accord.

Je n’aimerais pas être à sa place. Quoi que si j’étais aux commandes de l’économie, et loin de moi l’idée de lui suggérer des idées, ma première priorité serait d’essayer de dresser un rempart contre ce tueur en série qui fout les chocottes à tout le monde : les délais de paiement.

Ils s’allongent, atteignent des niveaux inquiétants pour les TPME et pèsent lourdement sur la trésorerie des entreprises : le crédit interentreprises avec l’Etat tourne autour de 50 Mds de DH et le crédit interentreprises privé est estimé à la somme astronomique de 390 Mds de DH (www.fnh.ma).

Conséquence : beaucoup d’entreprises n’y survivent pas et mettent la clé sous la porte.

Si j’étais ministre des Finances, je m’attaquerais aussi à une réforme profonde et sérieuse du système fiscal, mettant fin aux bricolages habituels pour plus de justice et d’équité fiscales.

Si j’étais ministre des Finances, je mettrais fins aux dépenses fiscales inutiles, coupant l’herbe sous le pied à ceux qui ont presque tout, mais qui en réclament chaque jour davantage.

Si j’étais ministre des Finances, je surveillerais de près la gouvernance de certaines entreprises publiques, antres du gaspillage de l’argent des contribuables.

Si j’étais ministre des Finances, je ne dormirais pas la nuit, ne profiterais pas sereinement de mes week-ends et serais le réceptacle du stress de tous ces chefs d’entreprises qui croient que j’ai la solution à leurs problèmes. Pour toutes ces raisons, je ne veux pas de ce poste.

Alors, Benchaâboun, je vous souhaite beaucoup de courage dans vos nouvelles fonctions !

D. W.

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