Inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, Mohamed Lyoubi, directeur de l'Epidémiologie et de la Lutte contre les maladies au ministère de la Santé, a été propulsé sur le devant de la scène médiatique depuis le début de la crise du coronavirus, faisant régulièrement le point, à la télévision, sur la situation sanitaire du Royaume.
Malgré son agenda surchargé, il a accepté de répondre à nos questions et nous éclairer sur la stratégie mise en place par les autorités pour lutter le plus efficacement possible contre la propagation du virus.
Finances News Hebdo : Le Maroc organise une traque exemplaire contre le Covid-19. Quel est votre message aux populations après la promulgation de l'état d'urgence sanitaire ?
Mohamed Lyoubi : Toutes les mesures entreprises par les pouvoirs publics seront vaines si chaque citoyen ne contribue pas : se considérer comme malade et que toutes les personnes de l'entourage sont saines, ou comme sain et que toutes les autres personnes sont malades. Comme cela, il y aura une meilleure appréhension du risque et une meilleure observance des mesures d'hygiène préconisées.
F.N.H. : Le Maroc a testé moins de 1.000 personnes jusqu'à présent (selon nos sources). Nos capacités de dépistage sont-elles limitées ou est-ce un choix ? Sachant que l'OMS recommande d'augmenter les tests; à votre avis, peut-on les généraliser dans les régions les plus affectées ?
M. L. : Les objectifs annoncés du Plan national de veille et de riposte au Covid-19, en phase 1 et 2 de l'épidémie, ont toujours été clairement annoncés : détecter précocement les cas de maladie et les prendre en charge en confinement afin d'éviter la propagation de l'infection.
On parle bien de détection et non pas de dépistage ! Cela veut dire que l'on s'adresse à des personnes présentant des signes de présomption de maladie, lesquels signes ont été standardisés dans le cadre de ce que l'on appelle la «définition du cas possible».
Le résultat étant, essentiellement, la prise en charge en confinement et l'isolement des contacts et, en aucun cas, un quelconque traitement spécifique.
F.N.H. : Un mot sur les protocoles thérapeutiques envisagés éventuellement, en termes de traitement : Chloroquine, Nivaquine et Plaquenil.
M. L. : Chaque pays adopte et adapte les résultats des études et essais cliniques menés à l'échelle internationale, selon son contexte épidémiologique, ses caractéristiques démographiques et les spécificités de son système de Santé.
Généralement, les autorités sanitaires s'appuient sur les recommandations d'experts dans la prise de décision se rapportant à l'adoption de mesures de santé publique, à l'organisation des soins ou aux protocoles thérapeutiques.
Aussi, le ministère de la Santé marocain dispose d'un comité scientifique et technique des infections respiratoires aigües et de la grippe, officiellement institué et régulièrement consulté pour la gestion de cette crise. C'est justement ce comité qui a adopté le protocole thérapeutique en question, avec les modalités de sa prescription et de son suivi.
Propos recueillis par F. Ouriaghli