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Fake news au Maroc : La grande permissivité des réseaux dits sociaux

Fake news au Maroc : La grande permissivité des réseaux dits sociaux

Cette saillie prémonitoire signée Umberto Eco prend aujourd’hui tout son sens, dans un monde où la communication ne connaît plus de garde-fou et donne voix au chapitre à n’importe qui : «Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d'imbéciles qui avant ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel». Sauf que les prix Nobel, on ne les entend pas. Encore moins, on les voit. Surtout dans cette braderie de bêtises et de mensonges érigés en grandes révélations par tout le monde. 

Car, il est aujourd’hui établi qu’il suffit d’avoir un clavier, un smart chose et vas-y que j’inonde la toile avec tant d’inepties, tant de bêtises et autres âneries matinées à tous les assortiments. Qu’il s’agisse d’un scandale d’État, d’une guerre, de la chute d’un baron de la drogue comme celui que les médias nomment “Escobar du désert» dont on a annoncé la tentative d’assassinat. Alors que c’est un pur mensonge, fabriqué de toutes pièces par certains individus qui ont trouvé dans ce type d’occupations un passe-temps qui peut, non seulement, faire beaucoup de dégâts, puisque l’écrasante majorité de ceux qui consultent, suivent et commentent ce type d’informations, sont à la fois crédules et ont une fâcheuse tendance à colporter du n’importe quoi de préférence. 

A plus forte raison quand tout le monde s’autoproclame «journaliste», «influenceur»  «lanceur d’alerte», alors que les uns comme les autres n’ont même pas le b.a-ba du métier de journaliste, avec tout ce que ceci suppose comme expérience, comme connaissance des réalités de la société où l’on évolue et surtout des règles fondamentales de la presse digne de ce nom. 

En l’absence de tous ces fondamentaux, il est clair que n’importe qui peut écrire, poster et diffuser n’importe quoi. Nous avons des milliers d’exemples de fausses informations sur l’implication d’officiels de l’État dans de scabreuses affaires inventées à volonté, de noms de ministres qui sont impliqués dans des dossiers qui n’existent même pas, de tel et de tel autre qui a été interdit de quitter le territoire et à qui les autorités auraient retiré le passeport, de tel autre qui a attenté à sa vie pour échapper à la justice, de la mort de tel artiste, du divorce d’une telle autre, de la fuite d’une troisième… Le tout dans une inclination morbide au voyeurisme le plus dégueulasse, avec une préférence affichée et assumée pour tout ce qui est abject et crapuleux.

Indigent spectacle d’une certaine presse qui a pignon sur écran dans ces réseaux sociaux qui, malgré tous les efforts déployés par les autorités judiciaires pour en atténuer l’impact, sévissent encore et toujours, avec constamment plus de ragots, plus de rumeurs dans un élan qui relève du Gossip dont la presse de caniveau est friande. Sauf que désinformer, véhiculer des fake news, cela a des conséquences sur une grande majorité des Marocains qui sont scotchés à leurs téléphones et qui partagent et sèment dans cette toile tant de fausses vérités qu’il est impossible de filtrer le vrai du faux aujourd’hui. Chacun y va de sa «source», de son «scoop», de ses révélations pour faire sensation et s’assurer le plus grand nombre de suiveurs dans un spectacle de plus en plus ridicule et piégeux. Car, quand une rumeur circule, elle grossit et va l’arrêter ou en atténuer le mal, après coup ! Le mal est fait. Tout comme ce qui est donné pour un fait n’en est pas un, mais il en a tous les contours et les oripeaux. 

Et c’est là où le journaliste, le vrai, celui qui tient à l’info et à sa véracité comme à une relique sacrée, celui-ci se trouve au milieu d’une foule de ‘vociférateurs’. Ces derniers polluent la scène publique avec un ramassis d’ordures et de scories jetant un voile opaque sur cette mission si précise des médias qui doivent d’abord informer et veiller à ce que ce qu’ils avancent ne soient pas que du vent. Comme c’est le cas aujourd’hui où les réseaux sociaux ont bouffé tout le terrain qui doit être celui de la presse, du journalisme vérifié et des médias qui mesurent à quel point ce qu’ils publient a des répercussions à la fois profondes et graves.

 

 

Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste

 

 

 

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