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Le Maghreb à l’épreuve de l’onde Wagner !

Le Maghreb à l’épreuve de l’onde Wagner !

Un fait certain. Le Maghreb a suivi la crise militaire russe et la rébellion de Wagner contre Poutine avec presque la même intensité que les pays européens et américain. Et pour cause, la Russie, par le biais du régime algérien, est devenue un élément important de la sécurité régionale et son bras armé, le groupe Wagner, un cauchemar pour sa stabilité. 

 

Par Mustapha Tossa, journaliste et politologue 

En Libye comme dans les pays du Sahel, Wagner faisait la pluie et le beau temps, suscitant des coups d’Etat militaire, réécrivant de nouvelles alliances régionales, participant à réduire davantage la présence française dans cette région au profit de l’influence russe. Wagner était l’architecte de la puissance et de la domination russes dans de nombreuses régions.

Si les pays du Maghreb ont suivi attentivement les accélérations provoquées par Wagner, ils ne l’ont pas fait ni avec le même souffle de soulagement ni avec la même angoisse. Intérêts divergents obligent. Chacun voyait la rébellion de Wagner et le possible affaiblissement de Vladimir Poutine selon son propre prisme.  

Le régime algérien a dû vivre ces moments russes comme une violente douche froide. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune ne venait-il pas d’effectuer une visite remarquée à Moscou et à Saint-Petersbourg où il s’est internationalement distingué par sa brosse à reluire pour Vladimir Poutine qualifié d’ami de l’humanité. Pire, le président algérien a expressément demandé la protection militaire de la Russie et son soutien pour une sortie de la zone Euro/ Dollar et intégrer les BRICS. Ces positions ont choqué aussi bien les Européens que les Américains qui vont certainement demander des comptes à Alger une fois les enjeux politiques à Moscou éclaircis. Une chose est certaine, l’institution militaire algérienne dont l’aile pro- russe a fini par remporter les derniers arbitrages, ne sortira pas indemne de cette nouvelle coupe phase qui s’annonce où le parapluie russe connaît quelques craquements et quelques fissures. 

Le Maroc de son côté doit voir d’un bon œil cette séquence où le groupe Wagner va être affaibli en Russie et forcément à l’international. Sous impulsion et inspiration algérienne et iranienne, le groupe Wagner n’allait-il pas se rapprocher des milices séparatistes du Polisario pour y installer des bases d’entraînement et constituer une menace pour le voisinage ? Si aucun fait ne prouve encore la faisabilité de cette situation, les agendas des uns, et des autres forces impliquées dans le conflit du Sahara tendaient vers cela. Le régime algérien, désespéré devant les performances diplomatiques marocaines, affiche l’objectif de favoriser un contexte de chaos régional. Il encouragerait ainsi  l’installation dans cette région de milices armées comme le Hezbollah libanais, le Wagner russe. 

En Libye comme dans les pays du Sahel, à commencer par le Mali, Wagner a été et pour toujours un opérateur politique et militaire d’une grande implication dans ces disputes de pouvoir. Même si la récente entente entre le chef de l’Est libyen Khalifa Haftar, et le chef de l’Ouest Abdelhamid Dabaiba, crée cette fausse illusion d’une réconciliation, l’intervention du groupe  Wagner dans la configuration d’une solution politique et militaire dans ce pays reste indéniable.

L’Afrique du Nord comme la région du Sahel étaient et sont toujours sous la pression sécuritaire du groupe Wagner qui agissait au nom de la Russie de Vladimir Poutine. La récente fracture entre Evgueni Prigojine et Vladimir Poutine aura-t-elle pour conséquences immédiates d’affaiblir l’influence de ce groupe paramilitaire dans ces contrées ? Il serait difficile de croire que le groupe Wagner en Afrique et dans le Moyen-Orient va continuer ses activités comme si de rien n’était, comme il est impossible de penser que le duo Poutine/ Wagner va agir sur les crises régionales avec la même cohérence et la même efficacité qui lui ont garanti une influence certaine. 

En se rebellant ouvertement contre Poutine, Wagner n’a pas uniquement contesté le pouvoir du Kremlin en Russie et en Ukraine, il a aussi par ricochet remis en cause l’ensemble de la politique et de l’activisme international russe dont il était un pivot de force et de puissance essentiel même s’il n’était pas officiellement reconnu. Ce tremblement de terre de Wagner en Russie aura fatalement un impact sur la géographie de crises internationales. Son onde a été particulièrement ressentie par les pays du Maghreb.

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