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Prise en charge du diabète : «L’assurance maladie doit couvrir 100% des dépenses»

Prise en charge du diabète :  «L’assurance maladie doit couvrir 100% des dépenses»

Sur les 2,7 millions de diabétiques estimés au Maroc, 49% méconnaissent leur maladie, ce qui rend la prévention indispensable.

Par M. Ait Ouaanna

 

Ces statistiques sont bien ancrées dans nos esprits, étant répétées à chaque campagne de sensibilisation : le diabète concerne plus de 25.000 enfants et plus de 2,7 millions d'adultes au Maroc, avec 90.000 à 100.000 nouveaux cas enregistrés annuellement. Par ailleurs, un chiffre évoqué récemment par la Société marocaine d’anesthésie, d’analgésie et de réanimation (SMAAR) suscite de nombreuses interrogations quant à la prise en charge de cette maladie chronique dans le pays.

Selon la SMAAR, seuls 1,2 million de diabétiques reçoivent des traitements dans les hôpitaux du Royaume, pointant du doigt une insuffisance des efforts de l’Etat pour subvenir aux besoins médicaux de ces patients. Mais qu’en est-il réellement ? Comment faut-il interpréter cette donnée ?

Selon Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, «au niveau des centres de santé, le ministère de tutelle propose des traitements gratuits à environ 1,2 million des personnes diabétiques, mais cela ne veut aucunement dire que les autres ne sont pas pris en charge». Et de poursuivre : «Les patients ne recourent pas nécessairement au ministère de la Santé, certains d’entre eux se dirigent vers le secteur privé, et d’autres recourent aux services des deux secteurs en consultant dans le privé avant d’aller prendre leurs médicaments gratuitement dans les centres de santé. En revanche, ceux qui ne sont pas pris en charge le sont soit pour des raisons financières ou tout simplement ils ne souhaitent pas prendre de médicaments».

Dans le même ordre d’idées, Dr. Hamdi a relevé que sur les 2,7 millions de diabétiques estimés au Maroc, 49% méconnaissent leur maladie, ce qui rend la prévention indispensable. «Les difficultés liées au traitement ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt, car le plus grand problème est que de nombreuses personnes ignorent être diabétiques, c’est la raison pour laquelle la prévention joue un rôle très important», précise-t-il. «Certes, pour le diabète de type 1, la cause n’est pas connue et, par conséquent, il n’y a aucun moyen de le prévenir. Mais pour ce qui est du diabète de type 2, les raisons sont multiples. Outre le facteur héréditaire, la maladie peut être provoquée suite notamment au déséquilibre alimentaire, à la consommation excessive de sucre et de graisse, au tabagisme, ou encore à l’insuffisance de l’activité physique. En évitant ces comportements, on peut prévenir le diabète de type 2», insiste-t-il.

Par ailleurs, Dr. Tayeb Hamdi a souligné la nécessité d’un dépistage précoce régulier même en l’absence de symptômes, à partir de l’âge de 45 ans, pour éviter les complications liées à la maladie telles que l’AVC ou encore la crise cardiaque. «Le diabète est une maladie chronique et très coûteuse au stade des complications. Ainsi, le dépistage précoce, le traitement et les analyses doivent être accessibles et gratuits, c’est-à-dire que l’assurance maladie doit couvrir à 100% les dépenses liées au diabète».

Dans cette même perspective, le praticien a mis en exergue le fait qu’il est bien moins coûteux pour l'État et les caisses d’assurance maladie de se concentrer sur la prévention, le dépistage et le traitement régulier que de prendre en charge les complications à un stade avancé.

Pour rappel, les données de l’Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) montrent que 51,5% des dépenses de santé du Maroc sont dédiées aux Affections de longue durée (ALD). À lui seul, le diabète s’accapare 10,4% des dépenses globales des ALD. Pour ce qui des médicaments antidiabétiques, 60% des dépenses de l’Etat en matière de médicaments concernent l’insuline. En outre, le diabète occupe la 4ème position en termes de dépenses de l’AMO après l’insuffisance rénale (27,4%), les tumeurs malignes (23,4%) et l’hypertension artérielle (10,7%).

S’agissant des dépenses consacrées par les patients au Maroc à l’achat des médicaments antidiabétiques, celles-ci se sont élevées en 2020 à 1,435 milliard de dirhams, dont 686,1 millions de DH pour les antidiabétiques oraux et 357,4 millions de DH pour les insulines.

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