Pour tous les Algériens une question avec une certaine pertinence mélangée à une forme d’ironie noire : Quels sont les pays avec lesquels le régime d’Algérie n’entretient pas une relation tendue, voire névrotique? Ils sont si rares qu’ils se comptent sur les doigts d’une main, accentuant cette impression de tension et d’agressivité permanente entre l’Algérie et son environnement régional et international.
Mustapha Tossa
Certainement sans le vouloir, le régime algérien est en train de subir les effets caméléon de deux régimes déjà honnis par le monde, l’Iran et la Corée du Nord, sans avoir toutefois leurs capacités d’influence et de nuisance.
La récente crise ouverte entre Alger et Bamako a fini par installer cette certitude que l’Algérie est dirigée par une vision pyromane des relations internationales, dangereuse pour la paix et la stabilité régionales. Sur fond d’accusations concrètes de soutenir des organisation terroristes dans la région du Sahel, les autorités maliennes issues d’un putsch militaire ont adopté une posture de défis et de rupture avec le voisin algérien. Hasard des dynamiques de crises régionales, le Mali, avec ses critiques acerbes à l’encontre d’Alger, vient d’en dévoiler aux yeux du monde la vraie nature du régime algérien.
Plus que jamais, l’Algérie vit une situation d’isolement et de solitude. Avec le voisin marocain, une crise endémique est artificiellement entretenue, les perspectives d’un dégel sont actuellement exclues. Malgré la main régulièrement tendue du Souverain pour une normalisation des relations, Alger, pour des raisons d’usage politique interne, y oppose une fin de non recevoir. Une réconciliation avec le Maroc est ressentie par les militaires d’Alger comme la fin d’un système basé sur la prédation économique et le maintien de la dictature.
Avec les pays européens comme l’Espagne, la tension est permanente. Sous prétexte d’une ouverture sur le Maroc, Madrid est devenu l’ennemi à abattre pour Alger. Des décisions politiques et économiques inconsidérées ont été prises dans cette logique de sanctions, mais elles eurent un effet boomerang, participant à donner un visage irresponsable des autorités et accentuer la dégradation de son image dans la région.
Avec la France, la tension fait partie des rubriques obligatoires du dialogue diplomatique. Tantôt prises dans une euphorie de retrouvailles irrationnelles, tantôt victimes d’un profond spleen de déception, ces relations manquent de cohérence et de lisibilité. Et la crise entre Alger et Paris est si présente que le deux pays sont dans une incapacité notoire à fixer une date et un agenda pour la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France.
Avec les pays arabes, Alger se comporte déjà comme un Etat voyou. Après avoir perdu l’estime et la crédibilité d’un poids lourd de la région du Golfe comme l’Arabie Saoudite, la nouvelle passion algérienne est de cibler politiquement et médiatiquement un pays comme les Emirats Arabes Unis, l’accusant de tous les maux. Résultat de ce parcours de défis, le régime algérien est déclaré non gratta, ou du moins à éviter dans cet espace arabe qui affronte actuellement de grands challenges sécuritaires comme le montre l’inarrêtable guerre israélienne contre la Bande de Gaza et la permanence de la crise avec l’Iran et ses bras armés dans la région.
Avec Washington comme avec Moscou, le régime algérien a réussi l’exploit d’entretenir de mauvaises relations avec les deux. Le premier parce qu’il s’est positionné ouvertement dans le camp antagoniste des intérêts américains et occidentaux. Cela s’était vu dans le positionnement dans la guerre entre la Russie et l’ukraine. Et cela s’était concrètement confirmé dans l’aide donnée au groupe paramilitaire russe Wagner au début de son installation et infiltration dans la région du Sahel.
Avec les Russes, la dégradation est perceptible. Moscou n’accorde plus aucun crédit à ce qui est perçu comme une diplomatie algérienne lunatique, sans cohérence. Et elle ne rate aucune occasion pour le montrer, comme son récent refus de valider le désir d’appartenance de l’Algérie au groupement des Brics ou le peu d’intérêt qu’elle accorde aux obsessions algériennes.
Dans cette configuration, il paraît clair que le torchon brûle entre Alger et le monde. Cette situation de crise généralisée est le fruit de choix diplomatiques insensés, de postures erronées et de volonté de domination injustifiée. Le régime algérien est en train de rejoindre le club très fermé des pays dont la politique est un danger majeur pour la paix et la sécurité régionale.