Le ministre de l'Énergie, des Mines et du Développement durable, Aziz Rabbah, a souligné, jeudi à Casablanca, la nécessité de mettre en place des mécanismes de financement alternatifs et des modèles commerciaux pour investir dans les énergies renouvelables (EnR) et l'efficacité énergétique (EE).
De nouveaux mécanismes de financement spécifiques des EnR/EE, tels que les sociétés de services énergétiques (ESCO), les banques et les obligations vertes s'avèrent essentiels, a relevé Rabbah à l'ouverture d'une journée sur les "Mécanismes de financement des projets Energies renouvelables et efficacité énergétique", organisée à l'initiative de l'Agence marocaine pour l'efficacité énergétique (AMEE), le Cluster Solaire et l'Association marocaine de l'industrie du solaire (AMISOLE).
Il a, dans ce sens, fait remarquer que malgré les augmentations substantielles des investissements en matière d'EE, leurs niveaux restent largement inférieurs à ceux de la production d'EnR, rappelant qu'en 2015, environ 1.600 milliards de dollars ont été investis dans le secteur de l'énergie au niveau mondial, dont seulement 221 milliards dans l'EE, soit 14%.
Et d'ajouter qu'en 2017, les investissements dans l'EE ont progressé de 3% pour atteindre 236 milliards de dollars.
Par ailleurs, Rabbah a indiqué que le Maroc a décidé de manière très volontariste d'aller dans la voie de la transition énergétique et a réussi en moins d’une décennie à développer un modèle énergétique basé sur les EnR, l’EE et l’intégration régionale.
"Aujourd’hui, 3.700 MW d’EnR sont déjà opérationnels, portant leur part à environ 34%.
En vue de renforcer d’avantage l’attractivité de notre modèle énergétique, nous avons entamé un processus d’amélioration du cadre législatif et réglementaire régissant les EnR", s'est-il félicité, précisant que l'objectif est de renforcer la transparence, simplifier les procédures d’autorisation et donner la visibilité nécessaire aux investisseurs en termes de capacité d’accueil du système électrique.
A cet effet, le ministre a fait savoir que le projet de loi afférent à cette refonte est déjà transmis au secrétariat général du gouvernement pour approbation.
Par ailleurs, poursuit-il, pour accélérer la cadence des mesures d’efficacité énergétique, un projet de stratégie a été élaboré pour réaliser une économie d'énergie de 20% à l’horizon 2030.
Cette dynamique, a-t-il relevé, est accompagnée par l’accélération de la mise en place du cadre réglementaire, notamment le décret relatif à l’audit énergétique obligatoire et aux organismes d’audit énergétique qui vient d’être publié au Bulletin officiel.
Deux autres sont en cours d’approbation, à savoir le projet de décret relatif aux ESCO et aux performances énergétique minimales des appareils et des équipements.
Rabbah a également souligné que le Maroc a fait le choix de booster l’EE à travers l’investissement public, à travers l'exemplarité de l’administration publique en EE et le repositionnement de la société d'investissement énergétique (SIE) en Super ESCO publique, ce qui constitue une opportunité de développement des partenariats public-privé et d’accès aux financements de projets d’EE et de développement des ESCOs privées.
Il a, toutefois, noté que le coût de transaction relativement élevé associé à un grand nombre de petits investissements constitue un obstacle à l'amélioration de l'efficacité énergétique.
Il met ainsi l'accent sur plusieurs difficultés de financement, dont le peu de clarté, d'organisation et d’informations sur les programmes de financement, la lourdeur et complexité des dossiers à remplir, la non-adaptation du financement sur le plan du délai ou de la forme du remboursement.
Le ministre a ainsi recommandé la création d’un observatoire du financement de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables.■