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Casablanca-Settat : 6 millions de visiteurs d’ici 2030, cap ou pas cap ?

Casablanca-Settat : 6 millions de visiteurs d’ici 2030, cap ou pas cap ?

La feuille de route régionale du tourisme dessine les contours d’une nouvelle dynamique insufflée aux différentes villes du Royaume. Le Conseil régional du tourisme de Casablanca-Settat envisage d’attirer 6 millions de visiteurs dans la région d’ici 2030.

 

Par M. Boukhari

L'assemblée générale ordinaire du Conseil régional du tourisme (CRT) de l’exercice 2023 a eu lieu mercredi 24 avril 2024 à la wilaya de Casablanca. A cette occasion, le wali a insisté sur l’importance d’une solidarité professionnelle pour l’intérêt de la région et du pays, avec en l'occurrence une enveloppe budgétaire plus significative pour la promotion et la gestion des activités du Conseil régional du tourisme. Disons que passer d’un million de visiteurs en 2023 à 6 millions dans un futur proche reste un objectif ambitieux. Mais pour comprendre davantage les tenants et les aboutissants de cette feuille de route, nous avons posé la question au président du CRT de ladite région, Othmane Cherif Alami.

«Nous avons comme ambition en 2030 pour Casablanca-Settat d’atteindre plus de 6 millions de visiteurs, avec séjour dans une des unités d’hébergement agréées au moins une nuit. Aujourd’hui, nous sommes aux environs d’1,9 nuit par visiteur et nous espérons atteindre en 2030, 2,5 à 3 nuits par visiteur pour toute la région, de Sidi Bennour jusqu’à Bouznika. Les 6 millions de visiteurs ont été identifiés par à peu près 3 millions de visiteurs résidant du Maroc, et vous savez combien ils apprécient de venir à Casablanca pour différentes raisons, notamment le city break, la santé, les rendez-vous d’affaires, le sport, les études; et nous estimons 1,5 million à 2 millions de visiteurs tourisme d’affaires/city break. Ainsi, 500.000 seront des visiteurs qui feront un stop à Casablanca pour la visite culturelle, et plus particulièrement de la mosquée Hassan II, et 500.000 seront les croisiéristes. Voici donc la segmentation des visiteurs potentiels», explique-t-il. D’après lui, il existe des prérequis importants inscrits dans la feuille de route nationale, notamment le transport aérien et sa compétitivité tarifaire, et qui pourraient accélérer la réalisation de ces ambitions.

Nous voyons aujourd’hui que beaucoup de Casablancais résidant à Casablanca prennent l’avion de Rabat ou de Marrakech, ou même de Tanger pour bénéficier des tarifs des low-cost. En effet, quand un parcours sur l’Europe pourrait vous coûter 200 euros en low-cost au départ de Casablanca, il est souvent compris entre 4.500 et 6.500 dirhams. Deuxièmement, il y a la création des unités d’hébergement, hôtels, Airbnb, clubs de vacances, camping caravaning, centres sociaux d’hébergement et d’animation, parcs de loisirs, animation culturelle, toute la semaine et toute l’année», explique-t-il.

De grands chantiers en cours

La capitale économique par exemple reste une destination touristique importante au Maroc, attirant des visiteurs pour ses affaires, sa culture et son histoire. Néanmoins, de nombreux projets en cours ont pour objectif d’améliorer l’attractivité de celle-ci et booster ses performances sur le plan touristique. «Le dispositif a bien ciblé les priorités pour Casablanca-Settat dans cette première étape, avec bien sûr les produits du tourisme d’affaires. Et nous attendons avec impatience les décisions sur la transformation du Centre de la foire en centre de congrès de 2.000 places, mais aussi, et surtout, le grand Palais des congrès de Casablanca-Settat qui est d’ailleurs prévu dans le plan de développement régional. Sans oublier les ouvertures de grands musées, du grand aquarium, du zoo d’Aïn Sebaâ, du musée archéologique de Carrière Thomas et l’agrandissement de l’aéroport Mohammed V.

Le sport et le tourisme s’inscrivent d’une manière exceptionnelle dans cette nouvelle dynamique, avec l’organisaton de la Coupe d’Afrique en 2025 et la Coupe du monde en 2030, ainsi que la construction du grand stade Hassan II de Casablanca, qui sera à Benslimane, pour 115.000 places», précise Cherif Alami. Pour revenir à l’objectif de 6 millions de visiteurs d’ici 2030, Zoubir Bouhoute, expert en tourisme, juge que c’est une très bonne chose qu’un président de CRT puisse avoir ce genre de vision stratégique, et que c’est un exercice auquel devraient s’atteler les autres présidents des conseils régionaux du tourisme.

«En 2023, le Maroc a accueilli 14,5 millions de visiteurs et ambitionne d’atteindre 26 millions en 2030, avec un objectif de 17,5 millions en 2026. Sachant que pour arriver à 26 millions de touristes en 2030, il nous faut une progression annuelle de 8,7%, et ce de 2023 jusqu’à 2030. Dans le cas de Casablanca, pour passer d’un million à 6 millions, il nous faut une progression de 29% en moyenne annuelle. C’est-à-dire que la progression au niveau de Casablanca serait 3,5 fois supérieure à la progression dans tout le Maroc. Pour cela, il faudrait engager des moyens nettement plus importants que ceux engagés à l’échelle nationale», affirme Bouhoute. En chiffres La feuille de route prévoit pour Casablanca le développement de segments tels que le tourisme d’affaires, le tourisme city- break de loisirs et de culture, et enfin le tourisme rural et nature. Bouhoute propose ainsi une analyse détaillée en chiffres pour chacun desdits segments. Selon l’expert, le Maroc table sur 2,3 millions de touristes dans le segment du tourisme d’affaires et cela prouve qu’il y a des destinations montantes, surtout à Marrakech.

D’ailleurs, les grands congrès ont lieu à Marrakech et non pas à Casablanca. Le tourisme d’affaires, qui prend place à Casablanca, reste très limité. La preuve, des événements tels que la COP22 ou les Assemblées annuelles FMI/Banque mondiale se sont déroulés à Marrakech. En outre, Bouhoute souligne que «si on estime que 70% de parts reviendraient à Casablanca, on obtiendrait le résultat d’1,6 million de visiteurs». En ce qui concerne le city-break, «le Maroc table sur 6 millions de visiteurs sachant qu’une fois encore, il est plus en vogue à Marrakech, Fès, Tanger. Alors, si l’on consacre la part de 20% à Casablanca, cela nous donnerait 1,2 million, et si c’est 25%, on parlerait ainsi de 1,5 million», dixit Bouhoute. Pour le culturel, le Maroc table sur 3,5 millions.

«Les villes qui excellent dans ce segment sont Marrakech, Fès, Meknès, Rabat, Ouarzazate, etc. Si jamais Casablanca s’accaparerait 20% des parts, cela nous donnerait 700.000 touristes», renchérit-il. Enfin, dans le segment de la nature, le Maroc ambitionne d’atteindre les 1,3 million : «admettons que Casablanca rassemble les 20%, elle sera dans les environs de 260.000 visiteurs. Tout compte fait, même si l’on a gonflé le tourisme d’affaires et lui avons donné 70%, on est à environ 4 millions, ce qui sera déjà un très bon résultat pour une destination comme Casablanca», relève-t-il.

Un travail d’équipe

Par ailleurs, pour arriver à tous ces objectifs, Zouhir Bouhoute estime qu’il faut déjà une capacité. «Le nombre de visiteurs en 2023 de la capitale économique, soit 1 million sur 14,5 dans tout le Royaume, représenterait seulement 6,7% de la moyenne générale. Pour atteindre 6 millions de touristes, la part de marché de Casablanca devrait progresser de 6,7% en 2023 à 23% en 2030. Ce qui me semble exagéré. En ce qui concerne la capacité litière de Casablanca, elle est aujourd’hui estimée à 10%, un résultat très insuffisant. Il faudrait donc des investissements pour développer la capacité litière, et l’aérien devrait suivre également».

De surcroît, le secteur touristique repose, selon Bouhoute, sur une approche transversale. «Il est aujourd’hui impossible que seuls les professionnels se chargent de le développer. Nous avons une charte d’investissement et nous devrions penser aux procédures à suivre pour attirer des investisseurs. Pour ce faire, nous pourrions bien évidemment compter sur les efforts du Conseil régional, du Conseil de la ville et du Conseil préfectoral. Il faudrait bien sûr qu’il y ait une synergie entre les professionnels, les élus et les administrations, et si l’on arrive à attirer d’ici 2030, 3,5 millions à 4 millions de touristes à Casablanca, ce serait déjà très louable», insiste-t-il. Et de conclure : «Casablanca devrait voir son offre culturelle et le tourisme de croisière se développer pour attirer un flux plus important de touristes, surtout pendant les week-end. In fine, je dirais que la capitale économique est sur la bonne voie». 

 

 

 

 

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